Après une première partie de saison en demi-teinte, Arsenal est devenu quasi inarrêtable. Après la victoire ce week-end à Selhurst Park face à Crystal Palace (2-1), les Gunners ont retrouvé le podium. Malgré la victoire, une chose a changé sur le terrain, comme depuis le début de l’année 2015 : Arsenal a laissé la possession de balle à son adversaire. Une donnée qui explique le renouveau d’Arsène Wenger et des siens. Car depuis plusieurs semaines, les Londoniens ne sont plus les mêmes. Fini le football offensif basé sur la possession de balle et le jeu très stéréotypé, et le retour d’Arsenal dans le Big Four établit un constat clair : Arsenal n’est plus la même équipe.
Avant le huitième de finale de Ligue des Champions à l’Emirates face à Monaco, My Premier League vous propose à travers cet article, de comprendre quel est le nouvel Arsenal des Gunners.
Moins de possession, plus de réussite
C’est le principal changement dans le jeu des Gunners. Dimanche 18 janvier, Arsenal, qui a longtemps eu du mal à remporter ses matchs contre les gros du championnat, bat Manchester City 2-0. La première victoire des Canonniers face à une équipe du Big Four depuis 2011 (5-3 face à Chelsea). L’équipe londonienne, longtemps cataloguée comme « équipe de possession » (souvent stérile) a terminé le match avec 35 % de possession de balle. Une révolution pour Wenger, qui a déjà tenté avec succès de laisser le ballon à l’adversaire en décembre dernier lors du match nul à Liverpool (2-2, 36 % de possession de balle). Désormais, et pour la première fois de la carrière de Wenger en Angleterre, l’ancien entraîneur monégasque, longtemps critiqué pour son entêtement, abandonne ses principes. Ses hommes préfèrent aujourd’hui attendre l’adversaire dans son camp, optant pour un 4-1-4-1 compact dans lequel Aston Villa s’était pris les pieds le 1er février dernier lors d’une cuisante défaite 5-0. Les Gunners ont ainsi opté pour un jeu en contre-attaque dévastateur face à des Villans qui avaient décidé de jouer avec une ligne défensive haute. Grosse erreur pour Paul Lambert : avec des joueurs rapides comme Sanchez, Walcott, Welbeck ou Alex Oxlade-Chamberlain, Arsenal a une équipe taillée pour le jeu plus direct en attaques rapides. Wenger, souvent raillé par José Mourinho, semble maintenant avoir appris de la rigueur défensive de l’équipe du Portugais. Car depuis 2003, jamais Arsenal n’a perdu quand il a eu moins de 45 % de possession. Avant le match contre Villa, les Gunners gardaient le cuir 60 % du temps. Demain, c’est un nouveau Arsenal qui disputera son 12ème huitième de finale consécutif.
Oui, Cazorla et Ozil sont compatibles
On les disait incompatibles. Comment composer avec Santi Cazorla et Mesut Ozil, les deux chefs d’orchestre de l’équipe ? Wenger a tout essayé : longtemps cantonné au poste d’ailier gauche, l’Allemand a longtemps rongé son frein et s’est surtout heurté à son manque de vitesse et de rigueur défensive. Pour d’autres, Cazorla était bien trop bon pour jouer autre part qu’au poste de meneur de jeu dans le 4-2-3-1 du début de saison. Mais la solution a peut-être été trouvée. Match après match, les deux hommes chassent de plus en plus les doutes concernant leur association au milieu de terrain.
L’ancien joueur de Malaga est tout simplement le meilleur joueur d’Arsenal depuis le début de l’année 2015. En 10 matchs, il a délivré 4 passes décisives et inscrit 4 buts. Mais c’est surtout dans le jeu qu’il rayonne : dans la première ligne de 4 qui s’oppose à l’adversaire, il est le premier presseur : infatigable, travailleur, il a étoffé sa palette et est devenu un joueur plus complet. Ses principales qualités en sont bien sûr bonifiées dans un tel système. Impressionnant d’aisance, l’Espagnol parvient à se sortir parfaitement des petits espaces pour relancer à merveille. Avec sa vision du jeu, sa qualité de passe et le jeu devant lui, Cazorla fait briller les autres et c’est sans surprise qu’il est le milieu central des Gunners le plus décisif cette saison, aussi bien offensivement que défensivement.
Ozil, lui, a longtemps alterné bonnes performances et matchs fantomatiques. En laissant le couloir gauche à un autre joueur, Wenger n’a plus à s’inquiéter de voir l’arrière droit adverse se balader dans le camp des Gunners. Maintenant, Cazorla compense mieux l’indiscipline défensive de l’ancien madrilène, qui pouvait devenir vite agaçante tant son manque d’implication faisait défaut à Arsenal. Cette saison, Ozil fait plus d’efforts et sa technique le rend indispensable à l’équipe. Et il peut aussi profiter de l’entrejeu grâce aux appels d’un autre joueur métamorphosé : Olivier Giroud.
Giroud n’est plus le même
C’est Arsène Wenger qui en parle le mieux : « Giroud a eu un rôle très important dans le match autant dans le jeu direct que dans la conservation de balle. Il s’est énormément amélioré dans la mobilité. Dans l’ensemble il a eu une énorme contribution et je pense qu’il a encore une grosse marge de progression« . Les mots de l’entraîneur français ne sont pas anodins. Absent lors d’une bonne partie de la première saison pour cause de blessure, l’international tricolore est revenu en force en 2015. Comme en témoignent ses statistiques : en Angleterre, seuls trois attaquants (Aguero, Kane et Diego Costa) marquent autant par match (0,57 pour Giroud). Mais au delà de ses buts inscrits, qui l’inscrivent désormais dans la lignée de ses prédécesseurs londoniens, c’est son apport dans le jeu qui est capital dans le jeu rapide. Giroud est actuellement le 6ème attaquant de Premier League qui réussit le plus de duels aérien, derrière les géants comme Carroll ou Crouch. Ainsi, David Ospina a cherché le Français près de 20 fois lors de la victoire ce week-end contre Crystal Palace (2-1). Discret dans le jeu, il est toujours efficace : il n’a besoin que deux frappes en moyenne pour inscrire un but. Cazorla est clair à son sujet : « Il est très important pour nous. Nous avons besoin du jeu long, et il est excellent dans le jeu de tête et dans la conservation du ballon« . Son rôle d’attaquant pivot est essentiel dans ses déviations et ses déplacements qui offrent des espaces aux deux joueurs de côté des Gunners. Sanchez, meilleur buteur d’Arsenal avec 12 buts en Premier League, est évidemment indispensable sur le côté gauche. De l’autre côté, Wenger cherche à installer un Danny Welbeck lui aussi plus bosseur et précieux défensivement, sur l’aile droite.
Coquelin, la vraie recrue
On parlait de Morgan Schneiderlin, William Carvalho ou Asier Illaramendi. Finalement, pour palier la blessure de Mikel Arteta et la fragilité de Wilshere ou d’Aaron Ramsey, Arsène Wenger a tout simplement rappelé le Français de 23 ans Francis Coquelin d’un énième prêt, cette fois-ci à Charlton, en Championship. Positionné devant la défense dans le nouveau 4-1-4-1 en sentinelle, Coquelin n’a tout simplement jamais quitté le onze de départ londonien depuis son premier match à West Ham (2-1), excepté un match de Cup face à Brighton. Depuis, l’ancien lorientais symbolise le renouveau des Gunners. Lors de la correction infligée à Aston Villa, il était le joueur sur le terrain qui avait réussi le plus de tacles (5) et celui avec le plus grand taux de passes réussies (93,6 %). Il est aussi le joueur de son équipe qui réussit le plus de tacles par match :
Contre Manchester City, Coquelin a survolé le match, éteignant complètement David Silva pour empêcher les décrochages d’un joueur entre les deux lignes de 4 d’Arsenal. Parmi tous les joueurs du club, un seul joueur était un véritable milieu défensif : Flamini, mais le Marseillais peine à enchaîner les matchs et à faire sa place dans le XI type. Wenger ne fera peut-être plus de cauchemars à l’heure de penser à ce qui était encore le point faible de ses hommes en début de saison : le poste de milieu défensif. Cependant, Coquelin manque parfois de vigilance voir de soutien : à l’Etihad Stadium, il a souffert lorsque Jovetic a remplacé Milner et est venu s’infiltrer entre les lignes et derrière Coquelin qui était complètement focalisé sur David Silva. Prudence donc, mais le constat est clair : avec Francis Coquelin, Arsenal a trouvé l’équilibre.
Retrouvez l’analyse de la discipline tactique et défensive d’Arsenal contre Manchester City
Une défense qui s’adapte
Il n’y a pas que l’attaque et le milieu de terrain qui ont changé à Arsenal : la défense aussi a subi quelques changements. Le poste de gardien de but tout d’abord : Szczesny a cédé sa place à David Ospina. Avec succès : le Colombien réussit plus de clean sheets, d’arrêts et concède moins de buts.
Avec le nouveau système des Gunners et le positionnement plus bas de son bloc, la charnière centrale Koscielny – Mertesacker est moins exposée au danger, et surtout aux contres. La lenteur du colosse allemand a pénalisé à de nombreuses reprises ses partenaires quand l’équipe cherchait à dominer et évoluait plus haut. En 2015, l’équipe a plus de sécurité derrière. Et la solidité de l’assise défensive retrouvée s’illustre aussi par la concurrence sur les côtés. Ceux-ci prennent moins de risques et se contentent de faire ce que leur incombe leur rôle : défendre. Par conséquent, le retour de Monreal à gauche a fait du bien à Arsenal, et à droite, la bataille est rude avec la blessure de Debuchy : Callum Chambers et Hector Bellerin se battent tous les deux pour une place. Mais Wenger l’a reconnu : il a sur-utilisé Chambers en début de saison, que ce soit dans l’axe ou à droite (l’ancien joueur des Saints a coûté beaucoup d’erreurs aux siens) et avec la propension de l’Espagnol à jouer plus vers l’avant, le technicien des Gunners possède deux options différentes.
La composition probable d’Arsenal pour affronter Monaco :