From Real Madrid to Sussex : Jack Harper

L’Ecosse vous va si bien. C’est sûrement ce que Jack Harper se dit maintenant qu’il s’est rapproché de la terre natale de ses parents. Pourtant, le natif de Malaga n’a pas vraiment la carrière du joueur typique écossais. Alors qu’il vient de signer pour Brighton (Championship) nous vous proposons de découvrir le parcours de ce jeune joueur qui aspire à « jouer la Coupe du Monde avec l’Ecosse ».

Brighton sign Real Madrid striker : non, nous ne sommes pas dans Football Manager. Jack Harper a 19 ans et vient d’achever sa formation jeune. Le monde professionnel lui tend les bras et les médias écossais attendent déjà beaucoup de lui. A y réfléchir, quoi de plus normal pour ce jeune joueur qui a fait toutes ses gammes dans la prestigieuse formation du Real Madrid. Il arrive au club en 2009 et passe par toutes les catégories. Cette année, il a disputé la Ligue des Champions U19 avec ce qui est maintenant son ancien club.

Mais comment un écossais peut-il arriver au Real Madrid ? Quel lien peut-il y avoir entre les deux parties ? Aucun, mis à part ses parents, tous les deux écossais. Il a également deux frères qui partagent la même passion que Jack : le football. Son frère ainé a connu l’Ecosse puisqu’il avait 7 ans lorsque les Harper arrivèrent sur la Costa Del Sol. Jack et Mac, son plus jeune frère, sont donc nés outre-manche.

Jack débute le football dans le club de la ville où lui et sa famille vivent, Fuengirola. A 13 ans, plusieurs clubs le suivent déjà et alors qu’il est proche du FC Seville, c’est finalement le Real Madrid qui l’endosse pour ne plus le lâcher, jusqu’à cet été. Précisons qu’à la base, ce n’était que pour un contrat d’un an et que, jusqu’en 2012, il ne lui était proposé que des contrats de 2 ans. Cette même année 2012, il avait signé un contrat de 5 ans, le liant au club jusqu’à ses 21 ans.

Coaché successivement par Morientes et Zidane, ainsi que camarade d’Enzo Zidane dans les différentes équipes de jeunes, il a eu la chance de disputer la Youth Champions League, comme nous l’avons mentionné précédemment. Lors du premier match, contre le FC Bale, le Real s’impose 2-0, sur un doublé d’Harper, dont une bicyclette acrobatique. Au total, il a inscrit 3 buts et décerné 2 passes décisives.

La fierté nationale du sentiment « écossais »       

Jack Harper avec les U19 de l'Ecosse  Crédits: Daily Record
Jack Harper avec les U19 de l’Ecosse
Crédits: Daily Record

L’Espagne et l’Ecosse : deux pays diamétralement opposés notamment sur le football. S’il est né en Espagne, il assure se sentir « plus écossais » et il affiche clairement sa volonté de jouer avec l’équipe nationale d’Ecosse. « Je veux réussir avec l’Ecosse, jouer pour mon pays et que ma famille soit fière de moi ».

Depuis l’installation il y a 20 ans de la famille Harper en Espagne, ils ne sont jamais retournés vivre en Ecosse. Tracy, sa mère et John, son père, sont très optimistes pour la carrière de leur fils : « Jack a quitté la maison à 13 ans pour être éduqué et guidé par le Real Madrid. A cet âge là vous ne savez pas ce qui peut se passer pour votre développement. Aujourd’hui, il a prouvé qu’il pouvait avoir sa place en équipe première ».

Un temps de jeu régulier pourrait permettre à Harper d’accrocher une place pour les échéances futures avec l’Ecosse, à condition que le pays se qualifie pour une phase finale – ce qui n’a plus été le cas depuis 1998. L’Euro 2016 et la Coupe du Monde 2018 sont deux objectifs que Jack garde en tête.

Avec le pays de ses origines, il a déjà joué avec toutes les catégories dès les U15 et plus récemment, il a fait partie du groupe des U19. « Ce serait incroyable de pouvoir jouer pour l’Ecosse, le rêve de ma vie serait de disputer une Coupe du monde avec mon pays ».

Au Real Madrid, chez les entraineurs qui ont eu Harper sous leur responsabilité, on dit du milieu offensif qu’il a une excellente vision du jeu et qu’il peut, à tout moment, « surprendre et détruire les défenses ». C’est également ce qu’en pense Mark Wotte, l’équivalent du Directeur Technique National de la SFA, la Fédération de football écossaise. Wotte est venu voir Harper plusieurs fois lorsqu’il était en Espagne. Et le joueur de confier : « les différentes visites de Mark m’ont prouvé à quel point il s’intéressait à moi, cela m’a rassuré, et conforté dans mon choix de jouer pour l’Ecosse ». Pour Wotte, « Harper est à une période fondamentale de sa carrière. Entre 18 et 20 ans, beaucoup de choses se décident. Il ne faut pas faire d’erreur ». Ses parents, la fédération écossaise et le pays en lui-même semblent servir de cadre au joueur.

La saison qui vient de s’achever était la dernière pour Jack Harper en tant que « youth » (jeune) et son départ pour Brighton coïncide probablement avec la volonté pour lui de se lancer. La proximité certaine du club avec l’Ecosse, va sans doute faciliter ses visites régulières à Glasgow pour y voir de la famille, ce qu’il faisait jusqu’ici tous les ans.

Chris Hughton, l’entraineur de Brighton où Harper vient de signer pour 2 ans, assure qu’après s’être remis de sa blessure au genou, le joueur va devoir saisir toutes les occasions qu’on lui donne pour jouer en équipe première. C’est également Hughton qui a convaincu le joueur de venir à Brighton, alors que ce dernier avait d’autres offres venant de plus haut, de la Premier League. En définitive, Harper s’est vu proposer un contrat avec l’équipe B du Real Madrid et ainsi de pouvoir partir en prêt une année. Il a choisi de partir définitivement, pour d’une certaine manière pouvoir voler de ses propres ailes.

En quittant l’Espagne et son club de cœur, le Real Madrid, il prend un risque : celui de se lancer dans l’inconnu. Mais en restant au Real, le joueur prenait le risque de ne jamais voir sa carrière exploser, d’être trimballé de prêt en prêt et de ne peut-être jamais franchir la barrière de l’équipe première madrilène.

La route est encore longue et le chemin très certainement semé d’embûches mais à l’avenir, il serait peut-être judicieux de garder le nom de Jack Harper en tête.

#4 The Interview : la data, d’Opta à Canal+

Il y a quelques mois, nous lancions la nouvelle rubrique « The Interview » par un entretien avec Rob Bateman, Directeur du Contenu et des Services de Clientèle pour Opta, leader mondial des statistiques.

Pour nous recentrer sur l’Hexagone et avoir un lien direct avec la France et l’Angleterre, nous recevons aujourd’hui David Wall, que vous retrouvez chaque semaine dans la « Data Room » de Canal+ et qui est également rédacteur en chef d’Opta.

Nous lui avons posé différentes questions sur le rôle de la « data » et son utilisation. Témoin privilégié de la « data-sphère » française, il nous livre ses impressions.

Data Room - Canal+
Data Room – Canal+

Comment arrive-t-on chez Opta Sport, après quelles études ?

J’ai débuté à Opta après un master de journalisme à Londres.  C’était en 2007, époque où nous n’avions pas encore de bureau français.

Quand on travaille pour Opta, quelle fonction a-t-on ?

Je m’occupe du bureau éditorial France + Benelux, donc surtout la relation avec les clients médias (L’Equipe, Canal +, beIN, etc) et les clubs pros. Pour ce qui est de la composition du bureau éditorial, ils viennent d’horizons divers. Certains ont une formation de journaliste mais ce n’est pas une obligation.

Tu es également consultant dans la Data Room de Canal+. Comment se cumulent les deux fonctions ?

L’émission est née à l’été 2014. Canal + avait la volonté de faire une émission spécialisée sur les chiffres et la tactique dans le football, sans se donner de limites. En clair, pousser le bouchon le plus loin possible.

Je baigne dans la data au quotidien donc c’est plutôt rafraichissant de pouvoir les utiliser dans le cadre d’une émission. Notre liberté est quasi-totale, c’est aussi ça qui rend l’expérience si enrichissante.

Peut-on utiliser les statistiques pour tout dans le football ? Comment les rendre légitimes et utiles ? Sont-elles un argument majeur ou plutôt un exemple illustrateur d’un argumentaire ?

Si on les utilise correctement, les stats permettent d’éclairer un match. J’insiste sur ce point, une utilisation responsable est clé lorsque l’on veut apporter de la crédibilité à un chiffre. Je parle souvent de contextualisation de la stat, c’est à dire donner vie au chiffre en lui donnant un ordre de valeur et en faisant des recoupements. Par exemple, le PSG avait eu 75% de possession contre Evian TG en début de saison, un ratio exceptionnellement élevé. Cependant, sur les 1000 et quelques ballons touchés, seuls 9 l’avaient été dans la surface adverse. S’arrêter à la possession n’aurait raconté qu’une partie du match.

Pour moi, la stat peut être à la fois un élément d’illustration mais aussi le départ d’une réflexion. Dans le premier cas, elle vient confirmer une intuition, la stat apportant une sorte de validation scientifique. Elle peut également révéler une facette qu’on n’avait pas nécessairement remarquée à l’œil nu. Elle peut enfin être « juge de paix » lors d’une polémique par exemple. Il y a quelques années, Arsène Wenger avait poussé un coup de gueule en conférence de presse après la jambe cassée d’Eduardo face à Birmingham City. Il avait affirmé qu’Arsenal était l’équipe qui subissait le plus de fautes en Premier League et qu’elle était la plus sévèrement sanctionnée. Les journalistes présents avaient immédiatement appelé Opta pour savoir si c’était vrai. Disons que ce n’était pas 100% correct…

Après, chacun a son jugement sur la pertinence des stats. Je ne suis pas un ayatollah du chiffre. Mais il y a aussi une hypocrisie de certains qui disent systématiquement que les stats ne veulent rien dire alors qu’ils sont les premiers à reprendre une donnée à leur compte lorsque celle-ci va dans leur sens.

Le plus dure est-il de récolter les statistiques ou de les utiliser convenablement ? N’as-tu pas l’impression que les gens tendent à « surutiliser » les stats ?

Les deux sont des défis. Il faut voir la concentration requise par nos analystes qui doivent loguer près de 2000 évènements par match (tout ce qui se passe avec le ballon : chaque passe, tir, duel, interception, etc). Ils ont en moyenne 3 mois de formation avant d’être lancés sur des matches en ‘live’.

L’analyste sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur lorsqu’il s’agit de collecter les événements clés (le nom du buteur, passeur, du joueur averti, etc). Ces informations sont envoyées aux médias, clubs pros mais aussi aux bookmakers, pour lesquels une info précise et quasi instantanée est essentielle.

On utilise donc finalement une partie infime des données collectées. Mais c’est justementà travers l’utilisation de ces données qu’il faut être prudent. Par exemple, dire qu’un joueur a le meilleur ratio de passes réussies d’un championnat alors qu’il n’en a tenté qu’une quinzaine est aberrant.

Comme dans tout secteur, il peut y avoir tendance à trop en faire. Le chiffre est froid à la base. Utilisé dans les médias, il doit apporter une info nouvelle et si possible décalée afin d’éviter de perdre le lecteur ou le téléspectateur dans des analyses trop alambiquées. La stat peut aussi être drôle et surprenante.

Ton héritage culturel britannique et tes connaissances sur la Premier League te donnent un rôle central sur les critiques tactiques envers l’Angleterre. Qu’en penses-tu ?

La naïveté des clubs anglais ? C’est un faux débat. On ne disait pas ça quand la Premier League avait 4 quarts-finalistes en C1 à la fin des années 2000. Et puis on a bien José Mourinho en PL.

Tout comme l’Angleterre était un précurseur dans l’utilisation des statistiques, elle a également contribué ces dernières années à mettre en avant la chose tactique, comme Michael Cox et son Zonal Marking ou encore l’ouvrage de Jonathan Wilson ‘Inverting The Pyramid’.

Alors d’accord, l’ADN Albion, à travers l’équipe d’Angleterre, peut quelques fois se perdre dans l’obsession du 4-4-2, but nobody’s perfect.

Je crois comprendre que tu as un penchant pour Arsenal. Arrives-tu encore à regarder les matchs sans penser aux statistiques ?

Quasiment impossible. J’adore (essayer de) trouver des perles statistiques pendant les matches. Que ce soit positif ou négatif pour mon équipe. Les statisticiens du foot sont un peu pervers. Twitter s’y prête parfaitement: la meilleure stat est toujours la plus courte, celle que l’on comprend instantanément.

Les statistiques n’expliquent pas tout, mais comment prouver que les chiffres ne donnent pas une idée exhaustive de la situation ?

Encore une fois, je pense qu’il s’agit de la responsabilité de chacun et notamment d‘Opta. Il ne s’agit pas de faire du chiffre pour du chiffre. Certaines stats sont évocatrices en elles-mêmes : si je vous dis que Messi totalise plus de buts que de matches, ça suffit. Mais la majorité du temps, il faut savoir filtrer ou recouper les informations afin de trouver LA stat la plus parlante, que ce soit pour un commentateur ou l’analyste vidéo d’un club lorsqu’il fait une présentation détaillée à un joueur.

En 2015, les statistiques sont partout. On ne peut plus y échapper quand on parle foot. Sommes-nous à l’apogée des statistiques ou une « progression » est-elle encore possible ?

Il y a encore plein de belles choses à faire avec la stat. La progression, ce sont par exemple les ‘analytics’ qui nous permettent de donner un sens encore plus profond à une stat. Prenons les passes décisives, concept finalement assez récent. Le principe des analytics, c’est de dire qu’il ne faut pas s’arrêter à cette donnée mais pousser encore plus loin pour trouver les joueurs qui sont tout aussi créatifs que les meilleurs passeurs d’un championnat mais qui ne sont pas récompensés par leurs partenaires. Apporter une nuance à un jugement, c’est aussi cela qui est important.

Heurs et malheurs d’un déséquilibre structurel : le calendrier

L’échec retentissant des différents clubs anglais en Europe a fait émerger plusieurs hypothèses. Pour expliquer le malaise, on a souvent critiqué la Premier League, le niveau des clubs et des joueurs, mis en avant l’échec sportif du modèle anglais et tenter – souvent en vain – de trouver des réponses concrètes.

Si les réponses sont souvent concrètes, leur objectivité reste à déterminer. Ainsi, cet article souhaite mettre en avant un autre aspect souvent mentionné, rarement appuyé ou expliqué. Je ne souhaite pas prétendre détenir la réponse, bien au contraire, il s’agit tout simplement de proposer quelques pistes de réflexion « universelles ».

A travers ces lignes, j’ai souhaité me focaliser sur le calendrier de la Premier League et plus précisément sur le déroulement d’une saison. Pour tenter de contextualiser ces données brutes, j’ai essayé de leur donner du relief en comparant les cinq championnats majeurs d’Europe. L’article s’articulera en trois axes que vous allez découvrir au fil de la lecture.

Un championnat domestique chargé et déséquilibré

D’abord, il est intéressant de noter la durée d’une saison puisque celle-ci varie d’un championnat à un autre. L’Angleterre débute à la mi-août, plus tard que la Ligue 1 mais plus tôt que la Liga ou la Série A, par exemple.

durée champ

On peut penser qu’une ou deux semaines en plus (ou en moins) ne changent pas drastiquement la donne. Pourtant, en fin de saison, quand les matchs se sont accumulés pendant plus de 9 mois, une semaine supplémentaire pèse.

Surtout que la Premier League a la (fameuse ou fâcheuse ?) particularité de ne pas faire de trêve lors de la période des fêtes de fin d’année. C’est le Boxing Day, qui s’étend jusqu’au nouvel an. En effet, entre le 20 décembre et le 1er janvier, 4 journées sont jouées (de la 17 à la 20e). J’ai essayé de voir quel impact cette période avait sur les équipes de tête de la Premier League :

boxing day

Aucune équipe ne fait un sans faute mais certaines s’en sortent bien avec 7 points. Ici, l’hypothèse est la suivante (et elle est plutôt évidente) : si les équipes arrivent à limiter la casse en prenant un maximum de points, l’impact est à analyser sur le plus long-terme par l’accumulation de la fatigue.

L’autre élément qui diffère selon les championnats, c’est le nombre de journées jouées en semaine.

Journées en semaine

Sans surprise, la Premier League domine ce tableau. De ce fait, les équipes enchaînent parfois 3 matchs de championnat, donc d’une seule compétition, en à peine une semaine.

Un conflit entre le calendrier domestique et le calendrier européen ?

L’Angleterre a débuté la saison avec 6 représentants en Europe : 4 en Ligue des Champions (Arsenal, Chelsea, Liverpool, Manchester City) et 2 en Ligue Europa (Everton et Tottenham). Liverpool a par la suite continué sa route en Europa tandis que les 5 autres équipes se sont qualifiées pour la phase suivante.

Le calendrier européen s’applique à tous les pays concernés, il n’y a donc pas de distinction à faire. Toutefois, j’ai souhaité analyser l’impact de ce double-calendrier sur les équipes de Premier League.

défaite apres europe

En moyenne, près d’un tiers des défaites de ces clubs proviennent après une rencontre européenne. Si les résultats en Premier League n’ont pas toujours été flamboyants après ces matchs, ceux en Ligue des Champions ne l’ont pas été non plus. Arsenal et Manchester City ont fini deuxième, Liverpool est passé à la trappe et Chelsea est la seule équipe à avoir remportée son groupe. Tottenham a fini second en Europa League et Everton, seule équipe à jouer cette compétition à fond, a remporté son groupe.

Victoire après europe

Chelsea n’a jamais perdu après un match en Europe, mais est, avec Tottenham, l’équipe qui remporte le moins de matchs. Mis à part Arsenal, aucune équipe n’a remportée plus de 50% de ses matchs.

Il est clair que le problème est double : les résultats ne sont pas (vraiment) positifs dans les deux compétitions.

Le rôle des coupes et leur impact

Le système des coupes domestiques n’est pas le même dans les 5 championnats majeurs. L’Angleterre, tout comme la France, a deux coupes (la FA Cup et la Capital One Cup, équivalent de la Coupe de la Ligue). La particularité de l’Angleterre est le « replay » quand il y a match nul (hors demi-finale) en FA Cup, aussi vétuste qu’historique, il complexifie encore un petit peu plus le calendrier et le cerveau des organisateurs. Il y a donc la nécessité de retrouver une date en dehors des périodes déjà prises – comme les journées en semaine.

Par exemple, Liverpool a été éliminé en demi-finale mais a joué 2 replays ce qui ramène à 7 le total de matchs joués dans cette compétition. A l’inverse, Arsenal en a joué 5 et jouera le 6e en finale. De plus, Liverpool est l’équipe qui a joué le plus de matchs dans les deux compétitions. Ils ont atteint les demi-finales dans chacune pour un total de 12 matchs de coupe. En comparaison, le PSG qui a atteint la finale en Coupe de France et en Coupe de la Ligue, n’a joué que  10 matchs au total.

Dans l’autre compétition, la Capital One Cup, comme c’est le cas en Italie, la demi-finale se joue en aller retour. En Liga il n’y a qu’une coupe mais tous les tours se jouent sur double confrontation.

Autre spécificité similaire à la France, la FA Cup se déroule le weekend (alors qu’en Italie, Espagne ou Allemagne, c’est en semaine). Ainsi, le calendrier est rallongé et la « compression » de matchs lors de la période des fêtes en plus des matchs en semaine compensent l’accumulation des rencontres.

Matchs joués par leader

Venons en maintenant au total de matchs joués par les leaders actuels des cinq championnats. A la fin de la saison, Chelsea aura joué 54 rencontres. Un chiffre somme toute assez normal si d’une part on compare avec les autres championnats mais surtout si Chelsea avait atteint les demi-finales de la Ligue des Champions, par exemple. Or, si l’on détaille le calendrier, Chelsea n’a joué que deux tours en FA Cup, a remporté la Capital One Cup et a été éliminé en huitièmes de finale en Europe.

Si l’on prend comme référence une équipe de « standing » de Premier League, qu’on compare son calendrier avec une équipe similaire de Liga ou de Ligue 1 et qu’on part du principe que cette équipe remporte toutes les compétitions, voici ce que nous obtenons :

Premier League : 38 matchs de championnat, 6 matchs de FA Cup, 6 matchs de Capital One Cup, 13 de Ligue des Champions pour un total de 63 matchs. En Liga 60 matchs et 61 en Ligue 1.

Encore une fois, 2 ou 3 matchs supplémentaires ne changent pas énormément de choses en ce qui concerne les chiffres. Sauf qu’avec l’accumulation des rencontres et surtout avec l’enjeu qui augmente plus la saison s’approche de sa fin, il est difficile de penser que cela n’a pas d’importance.

Voilà qui pour conclure nous donne quelques éléments de réflexion quant à l’organisation du calendrier de la Premier League. On peut en mettre plusieurs en avant :

–          Le système de replay a-t-il vraiment un quelconque intérêt ? Le fait de rejouer un match embête plus qu’il ne plait les différents clubs concernés.

–          La légitimité de cette deuxième coupe vaut-elle réellement la surcharge de matchs ? Un trophée est un trophée, certes, c’est indéniable. Toutefois, les équipes n’y portent globalement que peu d’intérêt.

–          La tradition du Boxing Day mérite-t-elle d’être renouvelée ? L’accumulation des matchs corrélée à la fatigue qui s’amplifie en fin de saison fait-elle de la trêve une idée inconcevable ?

Evidemment, le calendrier n’est qu’un des différents facteurs pour expliquer la grande méforme des clubs anglais en Europe. D’autres explications sont également crédibles et méritent d’être creusées. Au-delà du résultat et de la qualité des équipes, la Premier League a certainement des problèmes structurelles ancrées depuis des années et l’organisation de ses saisons en est certainement un.

@Backothedoc

#3 The Interview: Mile Sterjovski, de joueur à formateur

Passé par l’Angleterre et surtout la France, Mile Sterjovski est un des rares australiens à avoir joué dans le championnat hexagonal. Il a été pendant près de 10 ans un international australien et a été de l’aventure australienne en 2006. Cette année-là, l’Australie se qualifie pour la première fois à une Coupe du Monde depuis 1974. Une centaine de matchs joués en France avec le LOSC dont plusieurs dans les différentes coupes d’Europe (Ligue des Champions et Coupe de l’UEFA) et des souvenirs à foison.

Il a pris le chemin de l’Europe venant de l’Australie sans transition, la France, la Suisse, la Turquie puis l’Angleterre. Derby County l’accueille en 2007 et Sterjovski reste 2 saisons. Témoin privilégié, entre la langue de Molière et celle de Shakespeare, nous avons eu la chance de discuter avec lui.

Vous avez eu une carrière très mouvementée puisque vous avez joué dans 6 pays différents (Australie, France, Suisse, Angleterre, Turquie et Chine). Quand vous y repensez, êtes-vous satisfait ? Pouvez-vous choisir une aventure en particulier ?

Je suis très satisfait de ma carrière. Je crois beaucoup au destin, que tout arrive pour une raison, il n’y a pas de hasard et de fait, je ne voudrais changer aucune ligne de ma carrière. Le football a toujours été ma passion. Mon père et mon grand-père m’ont fait découvrir le foot à 2 ans et depuis, j’adore, je ne m’en lasse pas !

S’il fallait dégager une aventure en particulier… le meilleur moment de ma carrière ? Indéniablement quand j’ai joué en France, au LOSC.

Sterjovski

Alors justement, parlons-en un petit peu de Lille. Vous avez quitté l’Australie à 21 ans pour rejoindre le club en 2000. Que pouvez-vous nous dire sur ce grand saut vers l’Europe ?

A l’époque, le transfert a eu lieu après que mon agent ait montré au LOSC et à d’autres clubs en Europe des vidéos de moi. Ensuite, je suis venu à Lille pour un essai de 2 semaines. J’ai toujours joué en confiance et même quand je n’étais pas confiant, j’ai toujours essayé de montrer le contraire ! La première différence que j’ai remarquée en arrivant en France était la vitesse du jeu comparé à l’Australie. Tout allait plus vite et il y avait beaucoup plus de joueurs de qualité.

Et comment était la vie en France ? En gardez-vous un bon souvenir au point de toujours suivre leurs résultats ?

Ma première année fut difficile mais agréable à la fois. Les trois années suivantes furent géniales. Lille a vraiment été une belle aventure – ma préférée en tout cas. Je suis toujours leurs résultats. Malheureusement, les matchs ne sont pas diffusés à la télévision en Australie. Je crois que le fait d’avoir perdu quelques joueurs leur a fait mal. Malgré cela, je crois qu’ils ont un bon effectif qui est capable de jouer le top 5 voire top 4. Ils ne peuvent pas se permettre d’avoir des joueurs blessés, surtout des joueurs comme Rony Lopes. C’est un joueur très important pour l’équipe. J’espère que Lille pourra le garder !

Par la suite, vous avez pris la direction de la Suisse et plus précisément du FC Bale. Vous avez atteint les quarts de finale de l’ancienne Coupe de l’UEFA. Pouvez-vous nous parler du niveau comparé à la France ?

Le niveau du football en Suisse est en dessous de celui en France. Toutefois, c’était quand même un très bon championnat qui a fait de grands joueurs. A l’époque, Scott Chipperfield m’a ouvert la porte pour venir en Suisse, il a beaucoup aidé dans le transfert. J’ai passé trois excellentes années, nous avions notamment remporté la coupe et le championnat en plus du quart de finale européen. Je pense également que la Suisse est un bon endroit pour les Australiens qui souhaitent débuter leur carrière en Europe. S’ils arrivent à enchaîner plusieurs bonnes saisons, ils pourront progresser et rejoindre un plus gros championnat.

Vous avez pris la direction de la Turquie, pour un an, avant de rejoindre Derby County. Vous n’avez pas joué tout de suite, il fallait beaucoup de patience. Enfin, vous avez obtenu du temps de jeu. Que dire sur le football anglais ?

Il ne faut pas se jeter bêtement dans les stéréotypes, mais disons que la plupart des équipes se concentrent sur la condition physique. Les équipes en Europe sont plus techniques et plus tactiques pour moi. Je pense que le fait que la Premier League se joue tout le long de la période des fêtes de Noël, avec le Boxing Day et le nouvel an, rend le football si spécial en Angleterre. C’est une période dense mais les fans adorent ça et la plupart des joueurs aussi.

Au-delà de votre carrière de joueur, vous êtes également impliqué dans la formation. Vous avez crée MSFC (Mile Sterjovski Football Coaching). Qu’est ce que cela représente exactement ? Que dire sur la formation australienne ?

J’ai crée MSFC 6 mois avant la fin de ma carrière – il y a un peu plus d’un an. Je voulais utiliser mon expérience, la partager aux enfants et aux entraîneurs de façon à ce qu’ils progressent le mieux possible. MSFC concerne les enfants de tout âge. La chose la plus importante, ce qui est primordial pour moi, c’est qu’ils s’amusent en apprenant. L’entrainement et la formation ont changé et évolué en Australie mais je ne sais pas s’il y a eu une amélioration. Il y avait beaucoup plus d’Australiens qui jouaient dans des grandes équipes européennes et d’Angleterre en mon temps. Avant cette évolution, nous avions formé les deux meilleurs joueurs que l’Australie n’a jamais eu : Harry Kewell et Mark Viduka.

Quel est votre avis sur la A-League ? Le championnat s’est développé (sportivement et économiquement). Egalement, quel est-il sur l’équipe nationale australienne ? L’Australie n’a cessée de changer depuis l’arrivée de Postecoglou en comparaison à Verbeek et Osieck.

La A-League a beaucoup progressé depuis sa création (sous cette forme) il y a 10 ans, et c’est normal. Elle se rapproche des plus petits championnats d’Europe mais elle a besoin d’un immense coup de pouce financier pour passer dans la cour des grands. Je pense que dans 10, 15 ans nous verrons des changements importants, positifs et nécessaires, autant économiquement que qualitativement.

En ce qui concerne l’équipe nationale, les Socceroos ont un effectif très jeune. Si la majorité d’entre eux continue de jouer à un haut niveau et continue de jouer ensemble avec l’Australie, je les imagine aisément briller.

Par rapport à votre carrière internationale maintenant… Cet aspect là aussi de votre carrière a été réussi. Vous avez 42 sélections pour 8 buts. Vous étiez de l’aventure en 2006, à l’apogée de la « Génération dorée »…

J’ai deux souvenirs principaux en sélection. Ma première fois sous les couleurs australiennes (contre l’Ecosse) et bien sûr ma participation à la Coupe du Monde 2006.

Même si notre élimination a été très douloureuse, surtout de cette manière [l’obtention d’un penalty très généreux par Grosso en toute fin de match, ndlr], il faut féliciter l’Italie. Ils ont joué à 10 pour la majorité de la rencontre et nous n’avons pas réussi à en venir à bout. Nous ne sommes pas passés loin d’éliminer les futurs champions du monde, mais ils ont probablement mérité de passer lors de notre affrontement.

Gabriel Paulista: le lien manquant à Arsenal

Alors qu’Arsenal connait des problèmes relativement conséquents concernant sa stabilité défensive, la seule et unique recrue des Gunners cet hiver a été Gabriel Paulista. Le Brésilien est arrivé en provenance de Villarreal pour une somme avoisinant les 15M€.

Gabriel offre en premier lieu une solution quantitative supplémentaire puisqu’Arsenal a débuté la saison avec seulement 3 défenseurs centraux de métier (dont Chambers, 19 ans, qui n’avait que peu d’expérience professionnelle). Les différents pépins physiques de Koscielny ont conduit Wenger a faire jouer ses latéraux dans l’axe : Monreal a tenu ce rôle neuf fois, Debuchy deux fois.

Si le nouveau venu arrive comme troisième défenseur, il s’agit également de s’intéresser à son style de jeu. Pour l’instant, il n’a joué que 5 rencontres (3 en tant que titulaires dont 1 en FA Cup) mais son profil a déjà montré qu’il pourrait apporter une alternative à l’équipe.

Koscielny et Gabriel : une base de travail solide

Quand Koscielny est arrivé à Arsenal en 2010, il était presque inconnu de tous. L’Angleterre l’a rapidement découvert et après des débuts difficiles, le Français s’est imposé comme un des meilleurs défenseurs du championnat. A force de travail, il a su corriger les défauts du début de son aventure à Londres.

Gabriel ressemble beaucoup à Koscielny. Tous les deux ont des capacités similaires et il est difficile de le voir comme un frein, mais plutôt comme une paire capable d’être compatible. Le profil de Gabriel est plus profitable à Arsenal, sa vitesse, sa justesse technique bien qu’inférieure à celle de Koscielny et surtout sa capacité à bien se positionner sont des atouts non-négligeables pour Arsenal.

L’arrivée de Gabriel pourrait être positive pour Arsenal mais également pour le titulaire indiscutable de la défense : Laurent Koscielny. Si l’on prend les dernières rencontres des Gunners, l’équipe a tendance à outrageusement dominer l’adversaire en première mi-temps et d’avoir une plus ou moins grande période difficile en seconde période. L’influence de Gabriel stabilise la défense, le défenseur français compris. Malgré les assauts adverses, la défense a affiché une relative sérénité.

De plus, pour instaurer un pressing collectif, Koscielny et Gabriel sont les parfaits éléments pour construire une base. Plus à même de tenir une ligne rigide, ils disposent des attributs techniques et tactiques pour éviter de nuire à l’équipe. En cela, les deux joueurs marquent individuellement les adversaires et disposent d’une bonne pointe de vitesse pour défendre correctement.

Gabriel+Paulista+Newcastle+United+v+Arsenal+6OJTy-BFaxyl
Crédits : zimbio.com

L’incompatibilité de Mertesacker

A l’inverse, malgré son statut de capitaine (vice-capitaine en réalité, mais Arteta est souvent blessé), Mertesacker est loin  de faire l’unanimité. La preuve,  Wenger l’a laissé sur le banc contre Everton et Newcastle. On peut également penser que la blessure de Gabriel contre QPR lui a permis de jouer.

L’incompatibilité de Mertesacker réside dans l’antithèse que son jeu représente par rapport aux attentes de Wenger. Certes moins qu’avant, Arsenal joue haut – que ce soit au niveau du pressing ou de la ligne défensive. Deux nuances néanmoins sur ce point : d’abord, Arsenal a beaucoup de mal à trouver l’équilibre et a rester constant. Ensuite, il y a eu une mutation importante récemment contre les équipes de plus gros calibres.

Toutefois, les errances de Mertesacker ont montré certaines limites qu’Arsenal se doit de corriger. A plusieurs reprises, l’Allemand s’est retrouvé dans la moitié de terrain adverse, parfois plus haut que les milieux de terrain. En conséquence, Arsenal s’est totalement ouvert à l’adversaire par exemple contre Monaco. Quand son rôle doit être de mener la défense, son incapacité à le faire pose automatiquement problème. Contrairement à lui, Gabriel ne reste pas en retrait, il défend en allant de l’avant et cherche à mettre une pression immédiate sur l’attaquant. En récupérant le ballon ainsi,  il permet de construire l’attaque de derrière.

Au-delà du « cliché », la lenteur de Mertesacker ne permet pas de jouer comme Arsenal le souhaiterait. Plus vif et discipliné, Gabriel propose une solution différente. Sur les matchs qu’il a disputés, on a pu voir sa capacité à lire le jeu : il réalise largement plus d’interceptions (6 contre 2 par tranche de 90 minutes). Aussi, avec le même système de calcul, il a le meilleur taux de l’équipe en termes de duels remportés avec 73%. Gabriel remporte même plus de duels aériens que le géant allemand (4.8 contre 2.9).

Les performances défensives de Gabriel contre Everton et Newcastle - StatsZone
Les performances défensives de Gabriel contre Everton et Newcastle – StatsZone

En définitive, il sera intéressant de voir la suite des événements pour Arsène Wenger et ses joueurs. Maintenant que le manager dispose d’une autre solution (certainement meilleure), il se pourrait qu’il continue à associer Gabriel à Koscielny. Une fois que Gabriel aura « dépassé la barrière de la langue » comme le joueur le dit lui-même, il ne pourra qu’être meilleur. A 24 ans, Arsenal a décidé d’investir pour préparer l’avenir.

#2 The Interview : le football anglais et la tactique (2eme partie)

Suite au début de notre entretien avec @ArsenalColumn, voici la deuxième et dernière partie. Elle sera organisée de la manière suivante :

  • Arsenal : Monaco, l’importance de Cazorla, le secteur offensif et Gabriel
  • Manchester United : le cas Di Maria, la nouvelle paire au milieu et les attaquants
  • Liverpool : le nouveau système de Rodger et l’importance de Can
  • Southampton et West Ham : réflexions sur leur déclin
  • Everton : Martinez et le contraste avec la saison précédente
  • Crystal Palace : l’arrivée de Pardew et leur ambition

English version : Part 2 Arsenal Column

Arsenal : Monaco, l’importance de Cazorla, le secteur offensif et Gabriel

J’étais au match aller et je me souviens qu’à 2-1, quand Chamberlain réduit l’écart à la dernière minute, je me disais qu’il venait de sauver Arsenal. Mais les joueurs voulaient marquer un autre but, les supporters les poussaient et voulaient l’égalisation. Donc quand j’ai vu Chamberlain avec la balle dans le rond central, tout le monde autour de moi hurlait pour que les joueurs aillent de l’avant – mais je disais à mon ami « Ne le faites pas !  Ne voyez-vous pas qu’il n’y a plus de défenseurs derrière ? ». 10 secondes plus tard le ballon était au fond de nos filets. C’était la même chose pour les deux premiers buts. On n’a pas appris de nos erreurs.

D’un sens, cela résume assez bien Arsenal : quand on évoque ce pour quoi ils sont bons, on parle de créativité, de technique. Mais une grande partie des matchs est psychologique. Tout est dans l’idée suivante : il faut créer la perception que nous sommes meilleurs que l’adversaire. Parfois, il semblerait que les joueurs se focalisent trop sur l’impression stylistique qu’ils donnent – jouer vite quand il faut ralentir le jeu, envoyer un autre joueur devant quand il est évident que nous nous exposons sur les contres. Cela remonte aux Invincibles. Une chose que les joueurs disent encore c’est qu’à l’époque, se faire sortir de la Champions League était leur plus grand regret, pas seulement parce que c’était une compétition qu’ils pouvaient gagner mais aussi parce qu’ils pensaient fermement être la meilleure équipe et voulaient le montrer au reste de l’Europe. Au final, lors du match aller contre Chelsea, les joueurs n’ont pas pu tuer le match quand Chelsea était à 10. Ils sont fautifs de cela. On peut dire la même chose de cette équipe contre Monaco sauf qu’à chaque occasion manquée, ils devenaient de plus en plus anxieux et finalement incrédules : ils n’allaient pas remporter ce match.

Je pense que Wenger n’a pas fait grand chose par rapport à l’approche « ultra-offensive » de l’équipe car il ne voulait pas casser le rythme des attaques. L’équipe se créait des occasions, c’est indéniable, mais ne les finissait pas. Il se base essentiellement sur la capacité des joueurs à faire leurs propres choix sur le terrain, et qu’ils sont guidés par leur intuition. Cette même intuition qui s’est faite au fil des rencontres et à l’entraînement. La plupart du temps, cela fonctionne et ils font exploser les équipes plus faibles. Dans les gros matchs, cela nécessite que les joueurs nuancent cette idée, qu’ils jouent en équipe, qu’ils se battent pour la même cause et qu’ils n’oublient pas leurs responsabilités car autrement, l’équipe peut craquer. Malheureusement, contre Monaco, les joueurs offensifs ont négligé la part de travail défensif de leur jeu. Ils ont failli combler le retard, mais en fait, le match était plié quand ils ont concédé le troisième but à l’extérieur.

Enough said (zimbio.com)
Enough said (zimbio.com)

A propos de Cazorla : il a été fantastique cette saison. Le rôle de milieu central a définitivement l’air d’être sa meilleure position mais cela ne veut pas dire qu’il ne doit pas aller se « balader » dans d’autres positions. Sa polyvalence peut-être très importante dans certains matchs et nous avons besoin de flexibilité tactique.

Ce rôle lui convient car dans le football moderne tout est une question de transition – à quelle vitesse vous pouvez emmener le ballon de la défense à l’attaque et vise versa – et les qualités techniques de Cazorla lui permettent d’être florissant. Défensivement, il s’améliore de match en match pourtant j’ai parfois l’impression qu’il est un peu passif au pressing, en étant trop bas trop rapidement. Ainsi, Arsenal n’a probablement pas le contrôle recherché par Wenger sur certaines rencontres. Mais c’est un problème d’équipe. Maintenant que Ramsey est de retour, il sera intéressant de voir comment ces deux joueurs qui excellent dans les transitions peuvent impacter le jeu au milieu et peut-être mettre en place une identité légèrement différente.

Je pense qu’Arsenal a surtout besoin de contrôler le jeu et en cela, Ramsey a une place toute trouvée dans le XI de départ. Pourtant, je ne pense pas qu’il soit capable d’égaler ses statistiques de la saison passée car il est trop inquiet à l’idée de marquer autant de buts au lieu de se concentrer sur ce qu’il sait faire de mieux : ses qualités pour être meneur de jeu. Wenger semble avoir mis en place un système qui lui permet de jouer plus haut sur le terrain et par incidence, amener de la sérénité dans son jeu et celui de l’équipe.

Aussi, je pense que dans le sprint final et certainement l’année prochaine, nous verrons un nouveau Ozil, un qui sera prêt à se hisser au niveau supérieur. Il s’est (re)découvert, il a compris comment il devait jouer dans le football anglais et dans son équipe. On a vu contre Monaco, au match retour, qu’il était plus volontaire, plus exigeant. Je pense que c’est de là que la critique provient : avec le montant de son transfert, on attend un Özil plus explosif mais il est subtile, plus « innocent » dans ce qu’il entreprend. Et il semble plus fort maintenant, plus à l’aise avec sa responsabilité dans l’équipe et apprendra à être plus égoïste – c’est paradoxal par rapport à son style. Pour moi, Özil est un des meilleurs meneurs de jeu du monde, quelqu’un qui complète une équipe parce que sa façon de bouger sans le ballon équilibre l’attaque. A Arsenal, son entente avec Alexis s’améliore, quand un revient vers l’axe, l’autre prend sa place, et cela devrait permettre aux Gunners d’améliorer et de perfectionner leur style.

Enfin, concernant la défense, j’aimerais aborder le cas de la recrue la plus récente d’Arsenal. Gabriel est essentiellement un Koscielny-bis, moins technique mais plus rugueux. En cela, il offre le meilleur des deux mondes. Je pense qu’à terme il remplacera Mertesacker bien qu’il ne faille pas totalement mettre l’Allemand au placard car ses qualités de leaders sont importantes pour Arsenal. Mais dans le même temps, Arsenal a besoin de jouer plus haut et cela implique une mutation de style, défendre plus haut sur le terrain. Gabriel offre cette possibilité car il est très bon à l’interception, suit son attaquant sur tout le terrain, comme nous l’avons vu avec Lukaku contre Everton. La manière dont Wenger installe son équipe pour presser veut dire que l’équipe marque individuellement de l’arrière vers l’avant. Les arrières centraux, Koscielny et Gabriel, peuvent former la base.

Manchester United : le cas Di Maria, la nouvelle paire au milieu et les attaquants

Di Maria a toujours été un joueur qui provoquait « l’anarchie » tactiquement – autant pour son équipe que pour l’adversaire. Il est vrai qu’il a réussi à ajouter de la stabilité au Real Madrid sur plusieurs saisons, comme une « navette » en tant que milieu gauche, et idem pour l’Argentine. Mais le but était de lui enlever un peu de cette responsabilité « de position » pour lui permettre de s’épanouir pleinement. Je pense qu’à Manchester United, il a peu souffert – malgré ses passes décisives – parce que les consignes sont assez rigides. Il n’en reste pas moins que c’est un joueur fantastique et maintenant que Manchester United a l’air d’avoir trouvé l’équilibre, il est possible d’imaginer que Di Maria soit employé à gauche, à la place de Young.

J’aime bien le système de Van Gaal. Il a trouvé un compromis qui lui permet de donner des libertés aux joueurs sur leur positionnement – Fellaini qui joue plus haut en tant que numéro 10, Mata et Herrera qui échangent de position quand le premier repique dans l’axe – tout en gardant le 4-1-4-1 qu’il aime tant. Cela montre ce que l’interchangeabilité – les « bons » mouvements – peut apporter à l’équipe. Ils sont plus flexibles et il est plus facile d’intégrer de nouveaux joueurs dans le système. Maintenant que Van Gaal a trouvé un certain équilibre, je pense que nous allons réellement les voir l’année prochaine.

Je pense que la déclaration de Van Gaal [qu’il n’a pas les attaquants nécessaires qui peuvent marquer 15/20 buts] est bizarre car aujourd’hui, marquer 15 à 20 buts n’est plus l’objectif ultime pour un bon attaquant, [les attaquants] doivent viser un but par match. Le calibre des attaquants dont dispose United est tel qu’un d’eux est capable de viser ces stats, mais peut-être que Van Gaal essaie de modérer les attentes. Après tout, c’est un nouveau système, une nouvelle façon de jouer, ils doivent s’y adapter. Peut-être qu’il voit également que son équipe manque de quelques ingrédients clés – à savoir de la vitesse et de la mobilité. En effet, il est impératif que les attaquants dans le système de Van Gaal aient ces attributs car en fait, c’est eux qui ont le plus de liberté au niveau des mouvements en étant autorisés à jouer sur toute la largeur de la surface d’attaque. C’est une accusation inquiétante pour Falcao ou van Persie si Van Gaal considèrent qu’ils n’ont pas ces capacités.

Angel Di Maria et Emre Can au duel (zimbio.com)
Angel Di Maria et Emre Can au duel (zimbio.com)

Liverpool : le nouveau système de Rodgers et l’importance de Can

L’évolution de Liverpool en 3-4-3/3-4-2 est incroyablement audacieuse en termes de management de la part de Brendan Rodgers. Elle intervient pile au moment où l’équipe avait besoin d’inspiration. Je pense que c’est un système « sans-forme » précise, mais génial car il tourne autour des deux milieux offensifs (habituellement Coutinho et Lallana) et de leurs mouvements. S’ils restent sur le côté, cela donne à l’équipe des situations en 3v2 sur les ailes, mais s’ils repiquent dans l’axe, ils sont en situation de 4v3 au milieu. Néanmoins, je pense toujours que ce système dépend beaucoup d’un certain contrôle au milieu de terrain, et c’est certainement pour cela qu’Emre Can est si important derrière. Il peut sortir, et ainsi leur donner un avantage numérique pour réduire les conséquences de ne pas avoir un « top » joueur pour gérer le jeu au milieu de terrain.

Je pense que Rodgers veut désespérément que Lucas revienne. C’est un milieu très sous-estimé et vital pour mettre en lien tous les nœuds du système de Liverpool, parfois en redescendant bas pour récupérer le ballon et parfois pour regagner le ballon devant le « back-four ». Devant, d’une certaine manière, il a besoin de faire jouer Sterling aux côtés de Sturridge parce que c’est la meilleure façon de reproduire le duo Suarez-Sturridge. Eventuellement, je changerais la structure du milieu pour jouer en « 1-2 » au milieu avec Coutinho et Henderson juste devant Lucas/Gerrard/Allen.

Southampton et West Ham : réflexions sur leur déclin

Le succès de Southampton cette saison est presque une justification d’une partie du manque de sophistication tactique en Premier League : leur tactique s’apparente à la Liga, par exemple. Mais ce n’est pas seulement pour l’aspect défensif, Ronald Koeman dit qu’il aime que ses milieux soient « cinq pas derrière [l’attaquant] pour faire une ligne de plus ». Il veut un positionnement cohérent en plus de l’organisation défensive, les deux points sont fondamentaux. Sur toute une saison, le niveau augmente et la « super-qualité » commence à faire son trou. Souuthampton, aussi bons qu’ils ont été, ne peut pas compter uniquement sur le collectif. Il est nécessaire d’y intégrer des joueurs de haut niveau et espérer qu’ils se surpassent quand l’équipe en a le plus besoin. Southampton n’a pas ce genre de joueurs et c’est aussi pour cela que leurs performances stagnent un petit peu. Je crois que Koeman l’a anticipé et qu’il a fait venir quelques joueurs créatifs au mercato hivernal. Aussi, la donne change quand les autres équipes commencent à vous « respecter » comme tel, et qu’ils se rendent compte que vous êtes potentiellement du top-niveau, certainement comme Everton peut le voir cette saison. Parce que les adversaires sont plus compactes défensivement, plus concentrés et vous laissent moins d’espace.

En ce qui concerne West Ham, je pense que la « faute » autant aux joueurs qu’à l’entraîneur. West Ham n’a jamais eu la profondeur d’effectif pour tenir sur la durée. Leur bonne forme de début de saison est devenue décevante et « Big Sam » est revenu à la base. Il a commencé la saison en étant un « manager créatif », celui qu’il croit être, jouant en formation « diamant » mais dès qu’ils ont une période dense de matchs, il bat en retraite et repasse en un mode défensif. C’est-à-dire un très basique système en 451. Je pense que de repasser avec deux attaquants peut galvaniser le peu qu’il reste pour West Ham cette saison.

Everton : Martinez et le contraste avec la saison précédente

Je crois que la saison dernière était un véritable régal pour les joueurs d’Everton, ils découvraient une nouvelle manière de jouer qui leur permettait d’avoir la balle et de gonfler leur « confiance » pour affronter n’importe qui. Cette saison, je crois que cela perd son charme car ce n’est plus novateur, ce n’est plus « frais » et ainsi, ils ont repris leurs schémas habituels et ne sont plus totalement conscient de ce qu’il faut faire pour battre l’adversaire. En conséquence, Martinez a essayé de mettre un peu de variété dans le jeu de son équipe, mais il n’a pas encore réussi à atteindre les objectifs requis. Je crois que l’infortune d’Everton se résume par les performances de Lukaku, qui semble avoir oublié comment prendre la profondeur. Au lieu de cela, il attend toujours le ballon dans les pieds, dos au but.

Crystal Palace : l’arrivée de Pardew et leur ambition

La volonté de Pardew a été amplifiée lors du match contre Arsenal, on entendait clairement ce qu’il voulait que Crystal Palace fasse : presser et demander plus le ballon. Le coaching en Premier League est tel que les équipes de mi-tableau (et plus bas) ne travaillent pas beaucoup leurs mouvements offensifs. A l’inverse, ils se focalisent sur la faisabilité des joueurs à trouver des solutions par de petits « curseurs » – comme la rotation au milieu de terrain et la consigne « montre-toi pour avoir la balle » (ce que Pardew a clairement dit à Zaha contre Arsenal) – et la préparation de match. Ainsi, il y a des limites pour Crystal Palace. Certainement pas le top 8, mais le top 10 doit être leur prochain objectif.

#2 The Interview : le football anglais et la tactique (1ere partie)

Pour le second volet de notre nouvelle chronique, nous allons passer des statistiques à la tactique. Face aux vives critiques des observateurs contre les clubs anglais, nous voulons proposer quelques pistes de réflexions. Nous avons choisi de développer la première partie ainsi :

  • Les connaissances tactiques en Angleterre sont-elles suffisantes pour associer la science tactique à la Premier League ?
  • De nouvelles pistes sur les raisons de l’échec anglais en Europe…
  • Chelsea : le titre et le cas Fabregas
  • Manchester City : le rôle de Silva, l’influence de Yaya Touré, l’arrivée de Bony et le mystère Mangala

Pour cela, nous accueillons le chroniqueur tactique du site Arseblog, fin admirateur des différents ressorts qui articulent l’analyse dans ce domaine précis.


Les connaissances tactiques en Angleterre sont-elles suffisantes pour associer la science tactique à la Premier League ? 

Je pense que nous le pouvons [associer la tactique et la Premier League]. Le fait que chaque année, à ce moment de la saison, les équipes anglaises semblent se “dévoiler” complètement en Europe n’aide pas. Toutefois, je pense que cela relève d’un excès de “romantisme” : il y a une certaine manière dont nous pensons que le football doit être joué – une idée vague en fait, pensons par exemple à Manchester United et son football ultra-offensif, tout le monde vers l’avant et des joueurs qui dévalent les ailes – que cela ressemble à une trahison du passé si nous ne le faisons pas, le tout mélangé avec un peu d’arrogance.

J’ai lu un article de Guillem Balague qui disait que les Anglais n’entraînaient pas assez les mouvements offensifs, au lieu de cela, ils se focalisent trop sur le conditionnement et la forme physique. Alors que d’un coté je suis d’accord par rapport aux équipes qui ne peuvent pas prétendre aux places européennes, je pense que d’autre part, c’est une généralisation injuste pour les équipes de têtes “établies”. Surtout si vous prenez en compte que Manchester City, Tottenham et maintenant Manchester United ont pris des coaches spécifiquement pour leur méticulosité. Concernant Manuel Pellegrini et Manchester City qui se sont fait sortir finalement plutôt “humblement”, son idéologie réside dans l’idée d’avoir constamment un positionnement efficace, avec des milieux entre les lignes. Mais dans le même temps, c’est un idéaliste qui refuse d’équilibrer et de trouver un compromis à son style offensif – ce qui vient renforcer ce que j’ai déjà dit auparavant.

Pour être honnête, parfois, je suis agacé par le manque de sophistication des équipes du bas du classement mais je pense que c’est à peu près pareil pour tous les championnats. Ces matchs tendent à être ennuyeux, pourtant, avec les droits TV, les équipes anglaises ont plus de visibilité. En revanche, même si le championnat est moins rigoureux tactiquement, je pense que nous avons la meilleure diversité dans les différents styles d’attaque puisque le football anglais a tendance à mettre en valeur l’individu beaucoup plus qu’ailleurs en Europe.

De nouvelles pistes sur les raisons de l’échec anglais en Europe… 

Les statistiques dans les matchs européens montrent que l’on court plus, que l’intensité est plus forte, qu’il y a plus de passes et plus de tirs cadrés. Cela vous dit immédiatement que vous ne pouvez pas jouer ces matchs avec la même approche qu’en Premier League. D’une certaine manière, Arsenal a été puni au match aller parce que l’équipe s’est crue supérieure à Monaco. Mais pour comprendre les matchs de Ligue des Champions, vous devez vous y intéresser du point de vue de Monaco. Ce n’est pas une équipe de « l’élite » mais ils ont d’excellents joueurs qui ressentent qu’ils sont de ce niveau. Cela veut dire qu’ils jouent chaque match comme si c’était une finale – tactiquement parlant – bien entraînés et focalisés sur leur plan de jeu. C’est la clé en Ligue des Champions, on doit toujours rester en éveil. Autrement, on est puni.

Pour Manchester City et Chelsea, non seulement ils ont été battus par deux des meilleurs équipes en Europe, mais ils sont coupables de ne pas avoir fait preuve de plus de subtilité dans l’approche du match. Chelsea en particulier s’est exposé à cela parce qu’en étant très réaliste, ils sont du même niveau que le PSG, mais quand les événements faisaient qu’ils devaient garder le ballon et tuer le match, ils n’ont pas pu le faire. A l’inverse, le PSG, à 10, l’a fait et a pris sa chance quand il le fallait. Par rapport aux deux buts – deux coups de têtes superbes – ils ont montré une détermination supérieure et dans ces moments-là, c’est peut-être la clé qui fait chuter Chelsea.

Je ne pense pas qu’il faille être trop inquiet pour la détresse du football anglais en Europe après ces défaites cependant, cela a montré qu’ils étaient en dessous du tout meilleur niveau. Au final, le football est fait de cycles, et quand les clubs anglais dominaient dans la dernière partie des années 2000, il y avait une réalité physique qui régnait, ce qui permettait aux « enforcers » et « destroyers » de proliférer au milieu de terrain. Ainsi, ils poussaient les meneurs de jeu en retrait (des joueurs comme Guardiola par exemple) en dehors du jeu. Tout partait d’une « spécialisation » et les clubs anglais faisaient cela à merveille quand on prend en compte une équipe comme le Chelsea de José Mourinho qui avait au milieu un « destroyer » (Makelele), appuyé par un récupérateur endurant (Essien) et un meneur de jeu (Lampard). Ils étaient rapides, physiques et techniques quand la situation le leur demandait.

Un peu plus tôt, Guardiola est revenu, comme coach cette fois, pour révolutionner le jeu, jouant avec une approche technique supérieure à toutes les autres. La possession était roi mais à ce moment-là, ils avaient également surpassés tout le monde en termes de « forme physique », et cela a pris 4-5 ans pour que quiconque les rattrape.

Maintenant, le condition physique est à son « apogée » – pourtant Guardiola est toujours le meilleur dans la capacité de ses équipes à garder le ballon – et cela veut dire que les joueurs doivent être « universalistes ». Le jeu migrant vers la « complétude », l’exhaustivité, les joueurs de transitions sont maintenant mis en avant – ces joueurs qui sont aussi bons pour aller de l’avant que pour revenir et qui peuvent passer de l’un à l’autre en un clin d’œil. Je ne pense pas que les clubs anglais ont trouvé l’équilibre jusqu’à maintenant, ce qui, au plus haut niveau, leur a montré qu’ils étaient un peu simplistes tactiquement.

Crédits : Sportinglife
Crédits : Sportinglife

Chelsea : le titre et le cas Fabregas

C’est l’équipe la plus complète. En-cela, je veux dire qu’ils ont le plan de jeu le plus robuste. Cela veut dire qu’ils bossent ensemble, « as a unit », qu’il n’y a que des petites faiblesses à exploiter même si cela les rend un peu « ennuyeux » dans les gros matchs. Mourinho est un entraîneur et un meneur d’hommes fantastique, sous-estimé techniquement aussi car il a fait progresser beaucoup de joueurs offensifs. Son « génie » réside peut-être dans le fait qu’il refuse de changer quand on avance l’argument « moral » qu’ils doivent jouer. Il n’y a aucune obligation et cela veut dire qu’il peut s’en tenir à défendre bas et détruire les équipes qui se livrent trop à eux, alors que dans le même temps ils ont assez de force et de créativité offensivement pour ne pas les considérer comme une équipe défensive (la plupart du temps). Je pense que de les forcer à sortir de leur « moule », comme Tottenham l’a fait lors de sa victoire 5-3, peut mettre en lumière certains défauts mais c’est incroyablement difficile à faire car Mourinho ne les laissera pas passer. Par là, je veux dire qu’il y aussi une limite pour Mourinho sauf s’il trouve un moyen pour ajouter de nouvelles armes en gardant une solidité défensive. Il a déjoué à cause de cela au Real Madrid mais les gens oublient qu’ils étaient une très très bonne équipe. Les équipes arrivent parfois à les embêter mais n’arrive jamais vraiment à être assez incisifs.

Concernant Fabregas, pour être honnête je n’avais jamais remarqué sa baisse de forme en seconde partie de saison à Arsenal parce que pendant longtemps, je voulais laisser de côté la moindre faiblesse. Mais en y repensant, je crois me souvenir qu’il a eu quelques blessures à ce moment de la saison, en 2010/2011 notamment où il pouvait aller encore plus loin. La pression doit certainement l’affecter. Il court plus que n’importe quel autre joueur mais la fraîcheur d’esprit qu’il a en début de saison lui permet peut-être d’être plus efficace. A Arsenal, il faisait partie d’une succession d’équipes aux failles mentales notables (principalement parce que les joueurs étaient jeunes), susceptibles de s’effondrer quand la pression devenait trop forte. J’ai toujours pensé que c’était un peu basique mais peut-être qu’il y a une certaine vérité là-dedans.

Manchester City : le rôle de Silva, l’influence de Yaya Touré, l’arrivée de Bony et le mystère Mangala

Pour comprendre l’importance de Silva à Manchester City, il faut comprendre Pellegrini. Il est un fan absolu du 442 parce qu’il veut jouer dans la moitié de terrain adverse, et il adore avoir des joueurs entre les lignes, qui se faufilent. Pour faire cela, il faut des ailiers qui reviennent dans l’axe profitant de la largeur créée par les arrières latéraux. Les mouvements latéraux de Silva sont superbes, parfois il finit même de l’autre côté du terrain. Il équilibre leur système en 442 généralement parce qu’il joue le rôle de troisième milieu de terrain sur les phases de possession. Je le préfère néanmoins sur un côté, même si dans les matchs européens, Pellegrini devrait probablement l’utiliser derrière l’attaquant, même s’il a horreur de cette idée, pour qu’ils soient plus compétitifs.

Je dois admettre qu’il n’y a rien de plus palpitant que de voir Manchester City démanteler les équipes « faibles » en Premier League. Leur jeu de position est un régal à voir. Yaya Youré y est pour beaucoup, passant le ballon entre les lignes avec beaucoup de rythme et d’efficacité. C’est un fantastique meneur de jeu. Toutefois, il n’est pas si bon défensivement et pour le travail défensif. Une partie de l’explication pourrait être qu’il en fait trop. C’est pourquoi, la plupart du temps, Roberto Mancini l’utilisait en milieu offensif, pour lui enlever la responsabilité de devoir se replier et lui permettre d’être juste « dévastateur ». A Barcelone, il était capable de se concentrer uniquement sur sa position pour bloquer les attaques. Dans le système de Pellegrini, il parle souvent de défendre en « rythme » mais Toure ne met pas la même intensité offensivement que défensivement. Ce n’est pas pour dire qu’il est mauvais défensivement ou fainéant, je pense que le système de City tend à être un peu « tout offensif » parfois. Dans ce sens, la naiveté de Cesc n’est pas autant exposé à Chelsea. Mais une nouvelle fois, c’est ce qui le rend si distrayant.

Concernant Bony, j’ai été surpris de son transfert car ce que City avait vraiment besoin c’était quelqu’un de créatif pour faire le lien. Jovetic a l’air de pouvoir tenir ce rôle mais il est souvent blessé, trop pour avoir un impact durable sur l’équipe. Bony fait une chose que seul probablement Giroud sait faire, c’est son habilité à être un « mur » pour les passes. Cela veut dire qu’il peut travailler avec les milieux mais, dans l’idéal, ce qu’il leur fallait était un faux-9 pour décrocher, jouer dans l’espace et faire le lien avec Aguero et Dzeko. Pas d’un autre 9 qui joue principalement au coude-à-coude avec le défenseur.

Enfin, je ne sais pas quoi penser de Mangala. Il a le physique nécessaire, ainsi que les attributs techniques mais il a souvent des sautes de concentration où il perd la balle ou laisse échapper l’attaquant. Je pense qu’il a eu du mal à s’adapter aux attentes de Pellegrini, cela nécessite que les défenseurs « poussent » plus haut, et parfois même s’interposent – ce que Kompany fait assez brutalement. C’est pourquoi je préfère réserver mon jugement le concernant mais pour l’instant, la somme investie semble plus qu’excessive.

Dans la prochaine partie :

  • Arsenal : Monaco, l’importance de Cazorla, le secteur offensif et Gabriel
  • Manchester United : le cas Di Maria, la nouvelle paire au milieu et les attaquants
  • Liverpool : le nouveau système de Rodger et l’importance de Can
  • Southampton et West Ham : réflexions sur leur déclin
  • Everton : Martinez et le contraste avec la saison précédente
  • Crystal Palace : l’arrivée de Pardew et leur ambition

English version :

Arsenal Column Part 1 

Que se passe-t-il à Everton cette saison ?

Les supporters d’Everton accumulent les grosses déceptions. La saison passée, le club se classait à une – pas totalement – surprenante cinquième place en championnat, synonyme de qualification pour la Ligue Europa et surtout, de meilleure saison en Premier League de son histoire. 72 points, 21 victoires, troisième meilleure défense au classement (39 buts encaissés sur toute la saison), de grosses performances face aux principaux clubs de PL. Bref, une grande saison pour un club de cette « envergure ». La première sous Roberto Martinez qui présageait une nouvelle ère, dans laquelle Everton figurerait parmi les cadors.

Or, il n’en est rien. La saison qui devait être celle de la confirmation est sur le point de se conclure et le moins que l’on puisse dire, c’est que le bilan est très mitigé. La faute à qui ? À quoi ? Pourquoi ? Où est donc or ni car ? Je vais essayer de pointer du doigt ce qui a fait que.

Roberto+Martinez+BSC+Young+Boys+v+Everton+l1V0VySyEUol

11 mai 2014, Everton conclue sa saison par une dernière victoire sur le terrain d’Hull City. Les Toffees terminent donc à la 5e place, les supporters fêtent la qualification méritée en Ligue Europa. Les joueurs partent en vacances, certains partent vite pour le Mondial brésilien, d’autres vont le regarder devant la télévision en se goinfrant de pizza quatre fromages.

À l’heure de la reprise, l’effectif n’est pas au complet. Les quelques mondialistes rentrent logiquement un peu plus tard que les autres. Cinq matchs de préparation figurent sur le calendrier. Seulement cinq. Quels clubs vont jouer contre la grosse équipe d’Everton ? Tranmere (D4 anglaise), Leicester, FC Porto, Celta Vigo et Paderborn. Porto mis à part, pas de quoi s’inquiéter, donc. Sauf qu’Everton ne gagne aucune de ces cinq rencontres amicales. La pré-saison se transforme en vanne, et la saison est abordée avec le stricte minimum de confiance. Pas au point physiquement ? La tête encore en vacances ? Toutes les excuses sont plausibles, mais à l’époque, difficile de trouver de vraies raisons à cette entame de saison décevante.

Second point qui a pu poser problème au club de la Mersey : la gestion des transferts. Everton n’a pu conserver Deulofeu, prêté gracieusement par le Barça, un de ses principaux atouts techniques au milieu de terrain. Lukaku est quant à lui retourné dans son club de Chelsea. L’attaquant belge a inscrit 15 buts en 31 matchs de PL, mais Mourinho lui fait plus ou moins comprendre qu’il ne compte pas sur lui pour la saison à venir. Les rumeurs d’un retour définitif de Lukaku à Everton vont vite faire apparition jusqu’à ce 31 juillet 2014 qui voit effectivement le Belge signer un contrat de cinq saisons en faveur des Toffees. Cette arrivée fait largement l’unanimité au sein du club. Le hic ? 38 millions d’euros, le prix de la transaction. L’arrivée sous forme de prêt de Christian Atsu, un autre joueur mis de côté par Mourinho à Chelsea, et de Muhamed Besic, milieu bosnien évoluant en Hongrie quasi inconnu, n’y changeront rien. Everton a tout misé sur le jeune belge.

La saison débute par deux matchs nuls, comme en 2013, ce qui ne laisse rien présager de mauvais pour l’avenir. Everton parvient même à faire signer la star camerounaise Samuel Eto’o, libre de tout contrat, fin août. Tout bénef pour Martinez.

3e journée, Everton reçoit Chelsea et encaisse six buts, ce qui porte déjà son total de buts encaissés à dix en trois rencontres. Certains pointent du doigt l’attaque, d’autres la défense. Difficile d’expliquer quel secteur de jeu est le meilleur, à ce moment-là. Everton sombre rapidement vers la seconde partie de classement, et les supporters comprennent que cette saison sera difficile. Le club s’est finalement peu renforcé, son jeu qui a surpris tant d’équipes est devenu presque prévisible.

Autre problème récurrent qui handicape régulièrement l’effectif d’Everton : les blessures. Les joueurs se croisent à l’infirmerie, le kiné du club, Danny Donachie, décide même de poser sa démission entre les fêtes de fin d’année. L’entraînement est pointé du doigt par ce dernier. Roberto Martinez, qui possède ses diplômes de kiné, ne voit pas de problème à ses entraînements. Ambiance. Pourtant, les blessures musculaires se multiplient, si bien que l’Espagnol est contraint de piocher dans l’effectif prometteur des U21 du club. Beaucoup trop de blessures, c’est un fait indiscutable.

John+Stones+West+Bromwich+Albion+v+Everton+LX6hOV0Rbcll

La défense est un secteur fréquemment pointé du doigt par les supporters et les médias. Les statistiques ne plaident pas en sa faveur, le nombre de buts encaissés se multiplie au fil de la saison. Sylvain Distin, membre indiscutable de la charnière centrale depuis de nombreuses saisons, se blesse et ne retrouve plus son niveau. Fait incontestable : Distin vieillit et, à 37 ans, perd peu à peu sa place au profit de John Stones, jeune très prometteur. Associé à l’expérience de Captain Jagielka, cela peut fonctionner. Sauf que ce dernier n’est pas à son niveau et que Stones passe également par la case infirmerie. Manque de bol, l’effectif n’est pas illimité et des problèmes évidents se posent à Martinez…

Nous pouvons également parler du calendrier, Everton étant à l’heure actuelle (entre les deux matchs vs Kiev) toujours en course en Ligue Europa, malgré ses éliminations prématurées en coupes nationales. Martinez semble logiquement privilégier l’Europe, quitte à galérer en Premier League. L’Everton qui fait le bonheur des supporters en C3 n’est pas le même que celui qui est, au mieux, moyen en PL. J’ai tendance à penser, de plus en plus, à la saison 2012-2013 de Wigan, la dernière sous les ordres de Roberto Martinez. Vainqueur en FA Cup après un parcours fantastique, les Latics ont été relégués en D2 à l’issue de la saison… Les faits sont tristes mais réels : Everton n’est pas trop fort pour jouer en Championship, c’est mathématique, plus que quelques points séparent les Blues de la zone dangereuse.

Préparation médiocre, blessures, des joueurs pas au point physiquement et probablement en manque de confiance, ajoutez-y un calendrier trop chargé et il suffit de constater les dégâts. Quoi qu’il en soit, il reste deux mois à Martinez pour tenter d’inverser la tendance. Une victoire en Ligue Europa, pourquoi pas, sauverait la saison d’Everton, mais il est impératif de ne plus jouer avec le feu en Premier League. Il faut réagir, avant qu’il ne soit trop tard.

@FrenchToffees

#1 The Interview : Opta, au coeur des statistiques

My Premier League lance une nouvelle rubrique nommé « The Interview ». Nous nous efforcerons, comme nous l’avons déjà fait, de proposer des discussions sur des sujets de fond avec des interlocuteurs pertinents. Voici le premier volet de cette nouvelle série…


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2015. L’âge d’or des statistiques. On en voit partout, à toutes les sauces, pour toutes les utilisations imaginables. Le paysage footballistique a connu l’ascension fulgurante des chiffres. Dans le même temps, des sites comme Whoscored, StatsZone, Squawka se sont multipliés et ont pris un poids considérable dans la lecture et l’analyse des rencontres.

Toutefois, ne faudrait-il pas nuancer l’utilisation parfois abusive de ces statistiques ? Se dirige-t-on vers un monde de foot basé essentiellement sur la « data » ?

Pour mieux comprendre cette généralisation des statistiques, nous recevons Rob Bateman, Directeur du Contenu et des Services de Clientèle d’Opta, un des leadeurs mondiaux des fournisseurs de data sportive.

Opta a été crée en 1996. Tu as rejoint l’équipe en 1998. Quel était l’objectif d’Opta à l’époque ? Celui-ci a-t-il évolué aujourd’hui ?

Opta a été fondé en 1996 autour d’un unique produit – le « Carling Opta Index ». L’idée était de collecter de la data et d’attribuer une valeur à chaque évènement – passes, tacles, tirs, arrêts – pour évaluer la performance d’un joueur et créer un classement. Ce classement était distribué aux médias gratuitement. Évidemment, cela allait créer des discordes parmi les fans de football. Toutefois, assez rapidement, il est devenu évident que les gens étaient également intéressés par la « data pure » ainsi nous l’avons distribuée aux médias et aux clubs de Premier League.

(le côté "old" de l'image est assumé par l'auteur)
(le côté « old » de l’image est assumé par l’auteur)

Comment Opta a-t-il développé son immense réseau mondial ?

Le réseau s’est très rapidement agrandi avec le temps. L’histoire a débuté au Royaume-Uni, nous travaillions étroitement avec les médias clients pour leur montrer comment intégrer la data à leur contenu. Ensuite, c’est simple : une fois que vous avez réussi à accrocher un client, d’autres sont intéressés et veulent toujours pousser la barre plus haut. A la base, nous ne collections que la data de la Premier League, puis nous nous sommes étendus aux championnats majeurs d’Europe, soit en ouvrant de nouveaux bureaux soit en rachetant d’autres fournisseurs de data déjà établis. Nous avons également commencé à collecter de la data pour le rugby, le rugby league et le cricket parmi d’autres sports, puis nous avons progressivement atteint les Amériques, l’Extrême Orient et l’Australie. Maintenant nous appartenons à une maison mère si large (Perform Group) que notre réseau s’est étendu aux profils très en vue dans 40 pays différents.

La difficulté a été de convaincre les médias de l’utiliser. Par exemple, le graphique des 5 derniers pénalties tirés par un joueur, affiché juste avant que le joueur tire son pénalty, a été proposé aux diffuseurs il y a plus de 10 ans. A l’époque, ils étaient dubitatifs, ils disaient « nous devons montrer les ralentis ou les joueurs qui entourent l’arbitre ». Cela a pris 5 ans pour que quelqu’un l’essaie, mais une fois que cela avait été fait, nous l’avons montré à tous les autres diffuseurs et il le voulait tous.

Étant donné que nous avons continué d’innover autour de ce type de contenus, cela nous a aidé à devenir un des leadeurs des compagnies de data sportive en faisant plus qu’une simple collecte de données. L’autre point contributif majeur a été la quantité de data que nous collections dans un contexte réel et notre cote favorable par rapport aux autres, ainsi que le marché en lui-même qui devient plus sophistiqué et l’augmentation de la demande pour de nouveaux contenus par les groupes médias.

La data peut être utilisée comme un outil complémentaire, pas pour remplacer les méthodes traditionnelles d’observation.

Même question pour toi : ton rôle a-t-il évolué ? D’ailleurs, pourquoi as-tu choisi de rejoindre Opta ?

Auparavant, je travaillais dans la publicité et le marketing, mais ma passion a toujours été le football. A la fin de ma vingtaine et au début de ma trentaine, j’ai quitté mon travail pour devenir freelance et ainsi pouvoir passer 3 mois par an à engranger de l’expérience dans des groupes tels que Sky. Je voulais essayer de devenir journaliste sportif. J’étais probablement celui avec le plus d’expérience professionnelle ! J’avais déjà écrit pour des fanzines qui essayaient d’utiliser les faits plutôt que les opinions et quand l’offre d’emploi chez Opta a été proposé, j’ai candidaté et j’ai eu la chance d’être engagé. Mon patron à l’époque voulait que l’entreprise se développe rapidement et pensait que mes qualités de management et ma connaissance des différents médias pourraient aller de pair avec mes connaissances et ma passion du football pour favoriser la croissance de l’entreprise.

J’ai accepté une immense baisse de salaire pour rejoindre Opta, mais si on me demandait de mettre sur papier ce que serait mon job idéal, ce serait probablement cela. J’ai la grande chance de pouvoir faire quelque chose que j’adore et j’ai travaillé avec des personnes fantastiques. Même mes « pires » journées sont meilleures que les « meilleures » journées dans mes anciennes expériences professionnelles. En définitive, le pari a été gagnant.

Tu couvres Arsenal sur Twitter sous le pseudo @Orbinho mais tu t’occupes également du contenu international. Pourquoi les statistiques sont-elles si importantes d’une manière générale ?

J’aime beaucoup m’occuper des « faits » d’Arsenal sur Twitter, mais je donne toujours les meilleurs à @OptaJoe que j’ai crée et géré à l’origine. C’est quasiment impossible pour quelqu’un de regarder tous les matchs de tous les championnats, la data peut aider à donner un aperçu global de ce qui se passe, comme les styles de jeu, les forces et faiblesses de l’équipe, les attributs des joueurs. La data sert souvent à appuyer les théories personnelles (comme par exemple qu’Arsenal est faible sur les coups de pieds arrêtés) ou pour détruire les mythes. Si elle est utilisée correctement, elle peut aider les observateurs à mieux comprendre le jeu, ou aider les clubs dans leurs observations. Par exemple, tout le monde sait que Fabregas est un joueur créatif et qu’il a un nombre élevé de passes décisives, mais les données sur les «occasions créées qui ne mènent pas à un but » peuvent mettre en lumière un joueur sous-estimé qui n’a pas beaucoup de passes décisives parce que l’attaquant avec lequel il joue n’a pas converti les occasions. Tout le monde ne peut pas se permettre d’avoir Fabregas, mais on peut utiliser la data pour créer une « shortlist » de joueurs à observer, pour aider les recruteurs à être plus efficaces et peut-être signer un joueur à un bon prix, qui peut aider l’équipe. Les clubs ne peuvent pas regarder tous les matchs. En revanche, s’ils ont la data de tous les joueurs de tous les championnats, cela les aide à repérer de potentielles recrues et envoyer leurs recruteurs. La clé pour comprendre tout cela est la suivante : la data peut être utilisée comme un outil complémentaire, pas pour remplacer les méthodes traditionnelles d’observation.

En réalité, elle [la data] n’a presque jamais une signification unique. On peut utiliser la data pour illustrer les choses, mais il est important de prendre en compte le contexte et de faire preuve de bon sens.

Toutefois, comment peut-on être pertinent avec les stats ? Évidemment, le football n’est pas fait que de chiffres. Comment les assimiler ?

Tout est une question de contexte. Tout le monde à Opta dira que la data ne permet pas d’avoir réponse à tout. Ce qu’elle permet c’est de poser des questions et ensuite, on utilise d’autres ressources – vidéos, nos propres yeux, nos recruteurs – pour appuyer ce que la data nous dit. Encore une fois, si l’on utilise le « nombre d’occasions créées », un joueur aura peut-être un nombre élevé, mais quand un club signe un joueur, il a besoin de savoir quels types d’occasions il crée – combien sur des situations de jeu et combien sur coups de pieds arrêtés. Si Liverpool signait quelqu’un qui était très efficace sur corners et coups-francs, avec Gerrard, ses stats seraient évidemment amoindries. Ou si vous avez un ailier qui centre beaucoup mais vise un grand attaquant comme Andy Carroll, vous n’allez probablement pas l’acheter si vous avez Jermain Defoe devant.

Les gens ont tendance à sur-utiliser les stats, la plupart du temps pour en faire leur argument principal. Cela est-il possible ? Je pense que, globalement, les stats sont parfaites pour illustrer un argument ou donner des exemples. Qu’en penses-tu ?

Bien évidemment, la data peut être mal utilisée. Les gens se focalisent sur un point de data précis et disent « ceci veut dire ceci ». En réalité, elle n’a presque jamais une signification unique. On peut utiliser la data pour illustrer les choses, mais il est important de prendre en compte le contexte et de faire preuve de bon sens. Ceci est un bon résumé d’un incident en particulier :http://www.theguardian.com/football/blog/2015/feb/11/louis-van-gaal-sam-allardyce-long-ball

Penses-tu que la tactique et les statistiques sont compatibles ?

Il y a certainement des connaissances tactiques qui peuvent être apprises par la data. Je me souviens d’un match entre Reading et Arsenal, c’était un lundi soir, Gary Neville disait qu’Arsenal ne centrait pas beaucoup mais que Reading était l’équipe dans tout le championnat la plus susceptible de concéder des buts sur des centres, et utilisait les chiffres (ceux des buts concédés sur des centres par Reading) pour appuyer son raisonnement. En tant qu’arrière latéral, il expliquait l’évolution du jeu et que de son temps, les ailiers étaient attirer vers l’intérieur, alors que maintenant, les latéraux essayent de pousser les joueurs vers la ligne de touche. Il disait cela parce que des équipes comme Arsenal aimaient repiquer dans l’axe pour passer dans l’espace plutôt que de centrer. Il pensait qu’Arsenal aurait fort à gagner à jouer « contre nature » et à essayer de plus centrer. Les Gunners ont marqué 3 buts en première mi-temps, 3 buts sur des centres ! Il avait un sourire très suffisant lors de son analyse à la pause.

Quelle est la partie la plus difficile de ton métier ? La collecte des statistiques ou être pertinent en les utilisant ?

La partie la plus difficile de mon travail est probablement de ne pas avoir un grand contrôle de la manière dont elles sont utilisées. Occasionnellement, elles peuvent être mal utilisées, mais dans ces cas précis, c’est rarement l’auteur de l’article qui est critiqué, mais bel et bien la data qui est remise en cause. Les stats dans le football sont encore dans leur « jeunesse » et pour les fans, elles ont souvent mauvaise réputation.

Il y avait trois fois plus de tirs lors de la Coupe du Monde 1966 que lors de l’édition 2006.

Quels changements majeurs prévois-tu d’ici 10 ou 20 ans ? Penses-tu que les avancées technologiques sont une aubaine ou un « fardeau » ?

Je pense que scruter la data, couvrir les actions sans le ballon deviendra plus commun et cela devrait nous permettre d’expliquer ce qui passe autour du porteur de balle. A l’heure actuelle, elle est seulement utilisée pour mesurer à quelle distance ou à quelle vitesse un joueur court. Mais dans le futur, elle pourrait être utilisée pour montrer la force d’un joueur pour faire une passe ou un tir sous pression parce que nous aurons les informations sur les 22 joueurs au lieu de ne les avoir que quand ils sont en possession de la balle. On trouvera peut-être des éléments que les joueurs porteront pour changer la manière pour collecter et étudier la data. Et bien évidemment, l’accès aux données et la manière dont elles seront utilisées changera. Il y a 10 ans, le « match centre » avec les chiffres totaux basiques ou les alertes buts par SMS étaient des innovations. Il suffit de penser aux différentes applications de représentations graphiques ou les TV tactiles disponibles aujourd’hui, le panorama continuera probablement de s’étendre avec les nouvelles données et les nouvelles façons de les utiliser.

Il y a 50 ans, les statistiques n’avaient pas l’importance qu’elles ont aujourd’hui à cause des limites technologiques évidentes. Pourtant, penses-tu qu’elles auraient été aussi utiles qu’elles le sont aujourd’hui ?

Oui. Le jeu n’a pas autant changé que cela. Ce qui a changé, bien sûr, c’est que les matchs sont disponibles en images vidéos et la technologie pour être capable de collecter la data, nous l’avons. Il n’était possible que d’avoir des choses très basiques il y a 50 ans. Mais nous avons analysé des matchs datant de cette époque, comme l’intégralité de la Coupe du Monde 1966 donc nous pouvons voir l’évolution du jeu. Il y avait trois fois plus de tirs lors de la Coupe du Monde 1966 que lors de l’édition 2006.

Ce qui m’intéresse c’est de voir comment la data peut aider à mieux comprendre le sport […].

Penses-tu qu’Opta soit à son paroxysme ou est-ce que le meilleur est encore à venir ?

Opta a évolué en même temps que le marché s’est développé. Opta a innové et probablement fait plus que quiconque pour aider les médias à intégrer la data dans leurs programmes. Nous espérons continuer notre contribution dans cette avancée avec les nouvelles capacités de collecte de données et de modélisation mathématique qui deviennent plus « mainstream », les clubs et les médias sont toujours à la recherche de contenu pour satisfaire les demandes de leurs lecteurs ou (téle)spectateurs. Ainsi, Opta, en adéquation avec notre maison-mère Perform Group, cherchera toujours à améliorer son offre.

As-tu tendance à voir des chiffres partout dans ta vie quotidienne? Sont-ils devenus une sorte d’obsession ?

J’ai toujours apprécié et utilisé les chiffres, mais je ne dirais pas que je recherche à tout prix à voir des choses numériques partout sans aucun véritable intérêt. Mon obsession est le football et je ne pense pas que cela changera un jour. Ce qui m’intéresse c’est de voir comment la data peut aider à mieux comprendre le sport et j’apprécie énormément échanger cela avec d’autres personnes.

Notre site se focalise sur le football anglais et la Premier League en particulier. Apprécies-tu toujours regarder la Premier League si tu laisses les statistiques de côté ? D’ailleurs, est-ce encore possible pour toi ?

Je dois avouer que je regarde beaucoup moins de football que j’ai pu le faire. Notre travail est tel que nous ne pouvons nous concentrer sur les matchs en tant que divertissement pendant que nous travaillons parce que nous nous focalisons sur des évènements comme les buts, les cartons ou d’autres données et après nous recherchons des éléments pour satisfaire les diffuseurs afin qu’ils puissent les utiliser en direct. On a en quelque sorte le match en fond sonore. En tant que fan d’Arsenal, j’essaie de ne rater aucun match quand je le peux. J’ai tendance à ne pas apprécier un match pour son « spectacle » si je le regarde chez moi. Je suis constamment en train de « penser » data car j’ai accès à différents outils de recherche sur mon ordinateur portable et je partage mon travail avec mes collègues ou d’autres fans. C’est une histoire totalement différente quand je vais aux matchs avec mon fils, je peux me détendre et regarder le spectacle, ses réactions, la foule. Ce n’est pas pour autant que je ne suis pas contrarié quand Arsenal concède encore une fois un but de la tête car je sais qu’ils sont une des pires équipes dans ce domaine !

Pour aller plus loin, je vous invite à lire l’excellent papier des Cahiers du football : http://www.cahiersdufootball.com/article-us-et-abus-de-la-data-5705

Portrait : Elia, la bonne pioche pour Koeman ?

My Premier League donne aujourd’hui la parole à Jean-Baptiste qui tient à vous parler d’Elia et de Southampton. 

Pour les amateurs de Football Mannager le nom Eljero Elia n’est bien évidemment pas inconnu. Le joueur néerlandais fut à la fin des années 2000 synonyme de grand espoir du football européen. Aujourd’hui, à 28 ans (né le 13 février 1987, encore un de cette fameuse génération…) celui qui a été pré-formé par l’Ajax d’Amsterdam avant de terminer son apprentissage au ADO la Haye a vu sa carrière jalonnée d’échecs, plus ou moins retentissants, dans les différents clubs qu’il a traversé.

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Son départ des Pays-Bas et plus précisément de Twente, où il enchaîne deux saisons plus que convaincantes, vers Hambourg, devait coïncider avec l’éclosion d’un véritable ailier virevoltant, dribbleur et accélérateur de jeu.

Ses débuts sont tonitruants, il enchaîne les performances de haute volée. Malheureusement un problème récurent à la cheville va l’éloigner des terrains durant sa première saison. Lors du second exercice sous les couleurs du HSV, Elia critique ouvertement le style de jeu prôné par son entraîneur. Considéré comme un «super sub» plus que comme un titulaire en puissance, les plus grands clubs allemands et européens observent de très près ses qualités balle au pied. Un temps annoncé du coté du Bayern Munich pour palier l’éventuel transfert de Ribery vers la capitale espagnole, Elia décide de plier bagage et d’atterrir chez les Bianconeris à l’été 2011 après deux saisons en Allemagne. Manque de bol, Antonio Conté vient d’arriver à Turin et n’est pas convaincu par le joueur. Avec seulement 5 petits matchs au compteur ( 4 en championnat et 1 en coupe), Elia remporte tout de même son premier titre, le championnat d’Italie. Énormément déçu par le manque de confiance de son coach, il fait machine arrière et retourne au pays de la saucisse et autres bières brunes, blondes et ambrées.

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Sa première saison au Werder Brême, grand rival de son ancien club le HSV, est à l’image de son parcours professionnel et il est régulièrement sorti à l’heure de jeu. Ses qualités footballistiques sont indéniables, mais malheureusement son comportement extra-sportif lui joue des tours. Notamment, nous pouvons citer une sortie mouvementée et tout en excès de vitesse avec son ancien partenaire Marko Arnautovic (Joueur de Stoke City depuis 2013 ). Cette incident le tiendra écarté des entraînements collectifs jusqu’à la fin de saison.

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Elia décide de rester à Brême pour l’exercice 2013-2014, cette saison là, ses statistiques ne correspondent toujours pas aux attentes que l’on a de ce type de joueur (avec 4 buts et 3 passes décisives en 33 apparitions). Jugé sur son rendement trop maigre et ses sorties médiatiques (il répond notamment à un supporter du Werder sur Facebook d’un chaleureux «Go Fuck yourself»), il vient d’être prêté au mercato hivernal à Southampton sous la houlette de Ronald Koeman.

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Ce dernier connait le joueur , il est à la recherche de ce type d’ailier pour compenser le départ de Sadio Mané à la Coupe d’Afrique des Nations. Le profil Eljero Elia est commun chez beaucoup de joueurs pros, c’est une personne qui fonctionne à l ’affectif. Il retrouve chez Koeman le style de jeu de l’Ajax et le fameux 4-3-3 qui lui correspond à merveille. Les résultats sont probants dès sa deuxième titularisation en championnat contre Newcastle, Elia perfore les filets des Magpies à deux reprises. Sa réaction d’après match coïncide parfaitement avec son état d’esprit retrouvé : « Koeman m’a donné la chance de jouer pour Southampton, il était le seul à croire en moi. C’est agréable de ressentir ça de la part de quelqu’un.»

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Positionnement d’Elia sur le terrain depuis son arrivée à Southampton

 

Depuis son arrivée chez les Saints, Elia montre une incroyable envie sur le terrain. Placé sur le flanc gauche de l’attaque, il effectue les efforts défensifs et remporte plus de la moitié de ses duels. Il affiche également un pourcentage de passes réussies très intéressant (76% lors de ses 5 derniers matchs). Il déstabilise les défenses adversaires par ses accélérations balle au pied. Il propose également un jeu en profondeur, inversement à Dusan Tadic sur son aile droite (qui joue plutôt un rôle de meneur de jeu excentré). Ses débordements coté gauche amènent également une multitude de centres afin de servir Graziono Pellè.

 

Les différents centres d’Elia lors du match Swansea - Southampton (23e journée)
Les différents centres d’Elia lors du match Swansea – Southampton (23e journée)

C’est d’ailleurs dans une position similaire, parti coté gauche, et grâce à son appel de balle en profondeur qu’Elia à inscrit son premier but en championnat.

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Les deux derniers matchs sous ses nouvelles couleurs sont poussifs à l’image de son équipe. Elia reste pour l’instant une énigme, et comme c’est souvent le cas, le destin du joueur dépendra de son entraîneur et de ses performances sur le terrain. Bien trop sujet à des excès de tempérament, il reste donc tout à prouver pour cet énième espoir du football. Espérons donc que Koeman puisse porter son joueur au plus haut niveau et pourquoi pas le ramener aux portes de la sélection Orange à la veille du championnat d’Europe 2016.

Sources : Whoscored, Squawka, Dailymail, Skysports, Eurosport.

Qui est l’auteur ? 

Adepte du système et de la philosophie de jeu prônés par Wenger, et malheureusement pour ma santé fan inconditionnel de Diaby, je suis la Premier League avec assiduité me délectant d’un Arsenal – Tottenham tout comme d’un QPR – Crystal Palace.

Tim Cahill, pour tout l’or d’un coup de tête

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« Je n’ai pas peur, je joue chaque match sur le terrain sans peur. Je joue chaque match comme si c’était le dernier. La moitié du combat pour les sportifs, ce que les gens ne comprennent pas, c’est le mental. Je veux être le meilleur dans tout ce que j’entreprends. »

Tim Cahill junior est né d’un mélange plutôt atypique puisque sa mère est Samoane et son père est un immigré de la banlieue de Londres. Toutefois, ses deux parents ont un point commun : ils combattent corps et âmes le sport prédominant en Australie, le rugby. Tim senior est un fan de football et décide de transmettre sa passion à ses fils. Tim Cahill n’a dès lors qu’une idée en tête : jouer au football. Dans les 80s, la famille Cahill vit dans la banlieue de Sydney et c’est alors que les trois frères, Sean (l’ainé), Tim et Chris (le plus jeune), vont passer la majorité de leur temps dans les immenses parcs de la ville. Tim est né et a grandi dans une famille totalement passionnée par le sport et c’est ainsi que sa « carrière » débuta à l’âge de 6 ans.

Après avoir enchaîné plusieurs petits clubs, parfois de « high-schools » ou universitaires, Cahill joue pour deux clubs plus importants : Sydney Olympic et Sydney United. A ce moment très précis, il ne rêve plus que d’une chose : saisir sa chance et partir jouer au foot en Angleterre. Le rêve va se concrétiser grâce aux différents sacrifices de ses parents. Ces derniers s’endettent pour permettre à Tim de tenter l’opportunité qui s’offre à lui, dans la banlieue de Londres, à Millwall. Nous sommes en 1997 et il a 17 ans quand il arrive sur le sol britannique.

Dans une interview, Cahill retrace son départ : « un jour, je suis rentré de l’école et ma mère était en larmes. Elle m’a dit, très simplement : tu veux continuer l’école ou tu veux partir en Angleterre ? Vous savez, mes parents ont été locataires toute leur vie, on a beaucoup déménagé, ça n’a jamais été facile. Je suis une personne bienheureuse ».

L’aventure à Millwall est demeurée selon le principal intéressé celle qui « m’a appris à grandir, à devenir un homme et à réussir dans le football anglais ». Il joue pendant 6 années avec l’équipe professionnelle, après avoir passé une année (la saison 1997-1998) avec les jeunes.

Le point d’orgue de son passage à Millwall est incontestablement la finale de la FA Cup perdue contre Manchester United à la fin de la saison 2003-2004. Millwall, en seconde division, étonne de match en match. Cahill est un artisan majeur de cette campagne. En effet, il marque en quart de finale (un replay à l’extérieur) contre Tranmere, puis en demi-finale, contre Sunderland pour qualifier son équipe. Sa joie ce jour-là est sans égale : il enlève son maillot et court littéralement jusqu’à l’autre bout du terrain. Manchester United s’impose 3-0 en finale mais qu’importe, Millwall se qualifie en Coupe de l’UEFA pour la première fois de son histoire. Cette rencontre sera d’ailleurs la dernière de Tim Cahill au club pour qui il a joué 241 matchs et marqué 58 buts.

Le bleu vous va si bien

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« On m’a dit que je n’étais pas assez bon, pas assez fort ou trop petit. Ça m’a donné une motivation supplémentaire. »

L’été 2004 est très mouvementé, Cahill a quantité d’offres mais c’est bel et bien à Everton qu’il signera. Dès sa première saison, il finit meilleur buteur du club (avec 12 réalisations) ainsi qu’un des meilleurs passeurs. A son arrivée, Everton est dans une position délicate et bataille pour rester dans l’élite. Wayne Rooney vient de quitter le club pour prendre la direction de Manchester United. Le joueur en rigole : « quand Rooney est parti, les supporters ont dû se dire : mais c’est qui ce Tim Cahill ? ». A partir de cette saison, le club n’a fait que de grandir. Everton réalise un parcours admirable en Premier League et sous la houlette de David Moyes, se qualifie pour la Ligue des Champions. De son côté, « Timmy » est élu joueur de l’année par les supporters.

Il laisse au club une empreinte particulière notamment parce qu’il est le meilleur buteur d’Everton dans le Merseyside Derby contre Liverpool. Au-delà des 278 matchs et des 68 buts, c’est surtout sa combativité sur le terrain qui est marquante. L’Angleterre découvre cet homme qui est « meilleur de la tête que du pied » par ses envolées incroyables dans les airs. Tim Cahill n’est pas grand, mesure à peine 1m80 mais est devenu une sorte « d’icône du jeu de tête ». Il a marqué plus de buts de la tête que n’importe quel autre joueur du championnat à l’exception de Peter Crouch sur cette période. En 8 saisons il s’est construit une réputation et tous les supporters d’Everton sont unanimes : Tim is a true Everton legend.

Quand on lui demande avec amusement s’il a parfois mal à la tête, il répond, sur le même ton : « non, pas du tout. Vous savez, j’ai joué avec mes cousins samoans dans mon jardin et je peux vous dire que j’en ai pris des coups à la tête. »

En 2012, Cahill a joué plus de 500 matchs en Angleterre et décide de tenter l’aventure à New York, sur un autre continent « à la recherche d’un nouveau challenge ». Il signe aux New York Red Bulls et devient un coéquipier de Thierry Henry. Son aventure a été une réussite. Il a joué plus de 70 matchs pour une vingtaine de buts, mais a fait partie du projet d’expansion de la MLS, comme l’ont été Henry, Beckham, Dempsey…

En quittant Everton, il déclare : « après les Toffees, je n’avais aucune envie de rejoindre un autre club de Premier League. » En 2 ans, ses fameux buts de la tête se sont enchainés et il a continué de tourmenter les poteaux de corner de sa célèbre célébration. Cependant, un des moments clés de son passage à New York a été un but inscrit d’une somptueuse reprise de volée. Ce but marqué après seulement 7 secondes de jeu  est devenu le but le plus rapide de l’histoire de la MLS.

L’emblème de tout un pays

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Si la carrière de Tim Cahill a été particulièrement réussie en club, c’est surtout pour sa contribution en équipe nationale qu’il restera dans les mémoires. Bien qu’il ait évolué dans les équipes de jeunes des Samoa, il choisit d’évoluer pour les Socceroos. Sa carrière se définie par des mots comme « professionnalisme » ou « loyauté », et ce n’est pas moi qui le dit, ce sont les différentes personnes qui ont eu la chance de le cotoyer. Lui-même juge qu’à force de travail, il y a toujours une récompense. Il joue sa première rencontre en 2004, puis les Jeux Olympiques la même année.

Il a décroché tous les honneurs avec l’Australie. D’abord, en 2006, l’Australie se qualifie pour la Coupe du Monde en Allemagne, une première depuis 1974. Dans un final épique d’un barrage contre l’Uruguay, l’Australie retrouve la plus prestigieuse des compétitions mondiales. Contre le Japon, alors que l’équipe est menée 1-0 et qu’il ne reste que peu de temps à jouer, Cahill égalise et devient par incidence le premier joueur de l’Australie a marqué en Coupe du Monde. Il inscrira un doublé dans cette rencontre. L’année suivante, il devient le premier buteur de l’Australie à marquer en Coupe d’Asie. En 2014, il rentre dans le cercle très fermé des joueurs à avoir marqué lors de trois coupes du monde. Nul besoin de rappeler ses deux buts au Brésil, notamment celui qui a fait le tour de la planète contre les Pays Bas. Quelques mois auparavant, 10 ans après avoir débuté en sélection, il est devenu le meilleur buteur de l’histoire de l’Australie, contre l’Equateur, en inscrivant ses 30 et 31e buts.

L’Australie, l’équipe autant que la nation, représentent une famille pour lui. Et justement, sa famille, celle constituée de sa femme et de ses 4 enfants a une importance primordiale – autant pour le motiver continuellement que comme raison de son succès. Pour l’anecdote, Cahill s’est marié en 2010 avec Rebekah après 17 ans de vie commune. En 1997, quand Cahill atterrit en Angleterre sans aucune garantie de réussite, il implore celle qui est alors sa « copine » de venir le rejoindre. A propos de sa famille qui a tout sacrifié pour lui, il souligne régulièrement le mérite de ses parents. Sa mère « travaillait 12 heures par jour dans une usine ». Dans une interview accordée au journal The Australian il confie avoir « envoyé son premier salaire à ses parents pour les rembourses ». Pour conclure, il dit : « la motivation vient du fait que je suis obligé de réussir pour les gens qui comptent sur moi, pas seulement ma famille, mes enfants également, les gens qui me soutiennent et ceux qui ont déjà dit que j’étais un bon joueur. » 

Ses enfants aussi, il en est très fier. Un d’eux, Kyah, a eu l’occasion de prouver à son père qu’il avait les mêmes gênes de « vainqueur » : 7 septembre 2013, le jeune homme âgé de 11 ans chante l’hymne national des Etats Unis devant tout un stade, 20 mètres devant son père. Cahill est ému et puisqu’il n’y a jamais de coïncidence dans le football, marquera le but de la victoire des New York Red Bulls ce jour-là, contre DC United.

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Aussi, Cahill veut profiter de son statut de « légende » du football australien pour justement aider ce dernier à se développer. Parmi d’autres, le programme « Foxtel All Stars Tim Cahill Academy » fondé en 2013 vise à encadrer et à former les enfants de 6 à 11 ans. Des sites sont localisés dans plusieurs grandes villes de l’Australie et Cahill y consacre du temps. Il s’implique et rencontre les jeunes « stagiaires ». En 2011, le joueur avait créé les « Tim Cahill Coaching Clinics » qui ont pour but d’enrichir l’engouement et la passion des jeunes australiens pour le football. Le premier rassemblement a été organisé à Sydney.

Il y a quelques jours, l’Australie a remporté la Coupe d’Asie organisée sur ses terres. Une première depuis l’intégration à la zone Asie en 2006. Tim Cahill s’est illustré en marquant à trois reprises, notamment en quart de finale contre la Chine avec une superbe retournée acrobatique. « Tim Cahill has done it again » est une phrase qui est revenue à maintes et maintes reprises tant il a régulièrement sauvé l’équipe. Difficile de savoir s’il aura l’occasion de revêtir le maillot jaune et vert à nouveau, mais le Boxing Kangaroo a inscrit 39 buts en 82 sélections. « Le coach sait quels sont mes plans pour l’équipe nationale. Je suis toujours disponible sur et en dehors du terrain. La décision lui appartient, c’est une personne qui a changé le football en Australie. »

Tim Cahill, libre de tout contrat, vient de s’engager avec Shanghai Shengua, coaché par Francis Gillot et ancien club de Didier Drogba et Nicolas Anelka. Il a avoué avoir rejeté l’offre de David Moyes qui l’invitait à le rejoindre à la Real Sociedad. Sûr de son fait, « Timmy » assure vouloir contribuer au développement du football en Chine.

« J’ai discuté avec David Moyes, Thierry Henry, le propriétaire d’Everton Bill Kenright et Ange Postecoglou. Je n’ai jamais couru après l’argent. Si cela avait été le cas, je serai parti au Qatar ou en Chine il y a 4 ans. » Avant de reprendre : « Savoir que j’aurais pu retourner en Premier League, en Liga ou d’autres endroits… les gens parlent d’argent et de ce genre de choses mais je suis à un nouveau cap de ma carrière. »

La passion et l’engouement qu’il suscite sur chacune de ses performances resteront dans les mémoires. Toutes nos pensées vont aux poteaux de corner en Chine car le seul australien de l’histoire à être nommé dans une liste (certes étendue) du Ballon d’Or (2006) a encore des ressources.

@Backothedoc

Additional reading material… 

http://www.smh.com.au/sport/soccer/tim-cahill-signs-with-chinese-super-league-side-shanghai-shenhua-20150203-134kgn.html

http://www.theguardian.com/football/blog/2014/jun/17/the-joy-of-six-tim-cahill

https://www.youtube.com/watch?v=1nj9hgTVAXU

http://www.theaustralian.com.au/archive/sportold/tim-cahill-chases-dream/story-fn4l4sip-1225867179209

http://www.soccerwire.com/news/clubs/youth-boys/tim-cahill-inspires-next-generation-of-australian-soccer-players-with-academy-program/

http://www.timcahill.com/old-personal/about-tim-cahill/tims-milestones.html

http://espn.go.com/espnradio/grantland/player?id=10635822

http://espn.go.com/sports/soccer/story/_/id/8254773/tim-cahill-reflects-everton-career-roger-bennett

http://www.socceroos.com.au/article/china-bound-cahill-reveals-late-offer-from-la-liga/l5jqf202a0q21tjto7jbyqmei

http://www.foxtelallstars.com.au/football/tim-cahill-academy/

Portrait : Ward-Prowse ou le futur des Three Lions

Ces dernières années, les choses n’ont jamais vraiment été faciles pour les Three Lions, la sélection anglaise, certainement beaucoup trop attendue dans les compétitions internationales. Cependant, une nouvelle génération de jeunes joueurs est en train de mûrir et d’éclore. Les clubs anglais possèdent des centres académiques et de formation compétents, qui cherchent avant tout à développer des jeunes joueurs talentueux. Southampton en est un très bon exemple: cette équipe du sud de l’Angleterre a formé, au fil des années, des joueurs tels que Gareth Bale, Oxlade Chamberlain ou encore Theo Walcott. Après une saison très satisfaisant sous la botte de Mauricio Pochettino, de nouveaux joueurs ont quitté le club pour tenter l’aventure ailleurs, dans de plus grosses écuries: Luke Shaw, Calum Chambers, Adam Lallana. Toutefois, quelques-uns sont restés, malgré une bonne saison en 2013-2014 et c’est le cas de James Ward-Prowse.

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Une pépite à l’avenir radieux 

Né à Portsmouth le 1er Novembre 1994, James Michael Edward Ward-Prowse a intégré le club de Southampton à huit ans, bien que les membres de sa famille supportent les ennemis jurés des Saints, les Pompeys de Portsmouth. Il a débuté avec l’équipe A de Southampton à l’âge de 16 ans lors d’un match de la coupe de la Ligue contre Crystal Palace. Ward-Prowse compte aujourd’hui 76 apparitions toutes compétitions confondues, mais n’a marqué qu’un seul but pour le club: c’était lors de sa seconde titularisation en FA Cup. Contrairement à d’autres jeunes talents dans le football moderne, « Prowsey » n’a jamais été prêté à un autre club. L’entraineur des Saints de l’époque, Nigel Adkins, l’a fait débuter en Premier League lors de la saison 2012-13, assez souvent comme remplaçant. Le jeune prodige a utilisé cette saison pour accumuler de l’expérience et du temps de jeu. N’ayant vu qu’un seul club, il n’avait en effet jamais joué en Premier League ou en Championship. Désormais, il est l’un des éléments clés de l’équipe de Ronald Koeman. Ses statistiques sont également flatteuses, puisqu’il compte déjà six passes décisives cette saison.

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James Ward-Prowse est polyvalent. Avec Nigel Adkins et Mauricio Pochettino, Southampton évoluait la plupart du temps en 4-2-3-1. Il formait souvent avec Morgan Schneiderlin, Jack Cork ou Victor Wanyama le duo juste devant la défense. Cependant, il n’a pas le même style que ces trois joueurs: il n’est pas aussi défensif et n’a pas le gabarit de  Cork et Wanyama et il n’a pas l’activité d’un box to box midfielder comme Schneiderlin. Dans cette configuration là, il avait plus le profil d’un meneur de jeu en retrait. C’est un passeur très compétent (plus de 85% de passes réussies lors de ses deux premières saisons) et il a une très bonne vision de jeu. Cela lui est utile pour créer des occasions: c’est un joueur avec un très bon « footballing brain ». Avec l’arrivée du technicien hollandais Koeman, et les départs de beaucoup de joueurs (surtout celui d’Adam Lallana vers Liverpool), Prowsey s’est vu attribué un rôle un peu différent avec le 4-3-3 ou le 4-2-3-1 de Koeman. Il a été testé à beaucoup de postes.

Maître artificier

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Nous avons évoqué ses capacités à faire des passes correctement lorsqu’il joue dans l’axe, Ward-Prowse est également un très bon centreur. A plusieurs reprises, il a débuté sur le côté droit où il compense son manque de vitesse par des centres afin de créer des occasions. Par ailleurs, lorsqu’il débute à droite, c’est parce que Dusan Tadic est dans le XI de départ. Ronald Koeman donne de la liberté particulièrement à ces deux joueurs: ils permutent donc beaucoup et cela permet à Ward-Prowse d’apporter toutes ses qualités dans le jeu de Southampton.

Mais la qualité qui prime sur les autres reste les coups de pied arrêtés. Il possède une très bonne technique de tirs, mais ce qui impressionne le plus au-delà de son aisance, c’est la régularité dans la qualité de ces derniers. Il est très rare que ses coups de pied arrêtés ne soient pas dangereux.

A 20 ans, il n’a jamais été convoqué par Roy Hodgson en sélection nationale. Il fait cependant partie depuis 2013 des U21, et y est un élément très important (13 sélections pour 3 buts). Lors du tournoi de Toulon 2014, il a marqué contre le Brésil d’un de ses fameux coups francs à tel point que ce but a été élu plus beau but du tournoi. A l’allure dont il progresse en ce moment, ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’il fasse définitivement partie de la sélection anglaise « senior ». Au jeu des pronostics, nous pouvons nous risquer à dire que Ward-Prowse sera rapidement un élément clé de l’Angleterre pour les années à venir. La réussite pourrait bien passer par lui.

 Crédits: Zimbio/FA pour les photos, WhoScored pour les données chiffrées. 

@Tyo_EFC

Everton : sauver le travail accompli ces dernières années

My Premier League donne aujourd’hui la parole à un grand supporter des Toffees d’Everton qui est également un admirateur de Southampton et surtout de James Ward-Prowse et ses coups de pieds arrêtés. Vous pouvez le retrouver sur Twitter @Tyo_EFC. Le club traverse une période difficile bien loin des attentes de pré-saison et des résultats de la saison passée. A travers cette équipe, nous passerons en revue ces problèmes en nous efforçant de proposer des explications. Postulat pris, à vous. 

Pour les « Evertonians », la saison 2013-14 fut magique. En réalité, au début, l’arrivée de Roberto Martinez en provenance de Wigan n’inspirait pas toujours confiance à l’unanimité chez les supporters. Lors de la saison précédente, l’Espagnol n’était pas parvenu à sauver Wigan Athletic de la relégation, bien qu’il ait réussi l’exploit de remporter la FA Cup, en battant Manchester City (voir notre article : Comment Wigan a remporté la FA Cup ?).

Il a néanmoins réussi à gagner la confiance des supporters d’Everton très rapidement. Les résultats sont stupéfiants dès la première saison : 5ème au classement final de la PL, record du nombre de points battus, qualifié pour la Ligue Europa (pour la première fois depuis 5 ans),  style de jeu très attirant (oui, il est quand même espagnol). Ces résultats auraient été suffisants pour obtenir la 4ème place lors d’une autre saison « lambda », celle qui qualifie l’équipe pour le barrage de la C1. Pas de chance pour Everton, la saison dernière a été particulièrement compétitive et les records de points n’ont cessé de tomber.

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Malheureusement, cette saison 2014-15 n’est pour l’instant pas une réussite pour les hommes de Martinez, après 21 journées, les « Toffees » ne comptent seulement 22 points, et ne sont que 12ème au classement. Essayons de voir qui ce qui a pu se passer pour en arriver là.

  • Equipe vieillissante

Everton n’a pas joué de compétition européenne depuis la saison 2009-10, et il faut se le dire clairement, l’équipe n’a pas eu énormément de nouvelles recrues, principalement à cause de budgets très limités. Le club a tout de même investi beaucoup d’argent sur des jeunes talents prometteurs, tels que James McCarthy et Romelu Lukaku, ce qui prouve l’ambition d’Everton. Cependant, David Moyes a laissé à Martinez une équipe vieillissante: Phil Jagielka, Sylvain Distin, Leighton Baines, Leon Osman, Tim Howard sont des membres indiscutable de l’équipe mais qui se rapprochent doucement de la fin de carrière – d’autres moins que d’autres, certes. L’arrivée de Gareth Barry, aussi important qu’il soit pour Everton, n’arrange pas ce coté vieillissant de l’équipe.

Ceci ne s’est pas trop vu la saison dernière, car ils n’ont pas joué de compétition européenne, mais cette saison, ils doivent très souvent enchaînér trois matchs en l’espace de huit jours, et les joueurs que j’ai cité précédemment peinent à être dans une condition optimale sur chaque rencontre. Martinez met la Ligue Europa très en valeur, et les conséquences se voient très clairement en championnat.

Date Match Score Compétition
18/09/2014 Everton vs VfL Wolfsburg 4-1 (V) Ligue Europa
21/09/2014 Everton vs Crystal Palace 2-3 (D) Premier League
02/10/2014 Krasnodar vs Everton 1-1 (N) Ligue Europa
05/10/2014 Manchester United vs Everton 2-1 (D) Premier League
23/10/2014 Lille vs Everton 0-0 (N) Ligue Europa
26/10/2014 Burnley vs Everton 1-3 (V) Premier League
06/11/2014 Everton vs Lille 3-0 (V) Ligue Europa
09/11/2014 Sunderland vs Everton 1-1 (N) Premier League
27/11/2014 VfL Wolfsburg vs Everton 0-2 (V) Ligue Europa
30/11/2014 Tottenham vs Everton 2-1 (D) Premier League

Une seule victoire lors de la rencontre suivant un match de la phase de poules de l’Europa League pour les Blues…  Si les résultats en Europe sont plus que satisfaisants, « l’Europa League hangover » se sent très clairement.

  • Les joueurs sont-ils en manque de confiance?

Aucune autre équipe n’a fait plus d’erreurs qui ont conduit directement à un but adverse (le fameux « Mistakes leading to goals ») qu’Everton. Les Toffees en ont fait 10 cette saison (les deuxièmes sont Sunderland et Liverpool, et ils en ont fait 6).

Défensivement, les hommes de Martinez semblent avoir perdu les bonnes habitudes de la saison dernière. Ils avaient 15 « clean sheets » sur toute la saison. A ce jour, cette saison, ils n’en ont que 3 sur 21 matchs. Idem pour le nombre de buts concédés, 34 (seuls les QPR ont concédé plus de buts), contre 39 sur toute la saison dernière.

Sur les buts qu’Everton a concédé, ce sont souvent les bases de la défense au football qui ne sont pas bien appliquées. Par exemple le troisième but de Newcastle:

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Les quatre défenseurs (Coleman, Alcaraz, Distin et Garbutt) sont entourés en noir. Deux choses ne vont pas ici:

  • Une trop grande distance entre Coleman et Alcaraz permet à Colback de faire un appel dans le dos de Barkley.
  • Les quatre défenseurs ne forment pas du tout une ligne, Alcaraz est fautif.

Evidemment, un meilleur contrôle de balle de Ross Barkley aurait pu empêcher le but, mais la charnière ne fait pas ce qui lui est demandé.

Le positionnement de la charnière centrale est également remis en cause pour le deuxième but d’Hull City.

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Cette fois-ci, Martinez aligne une défense à trois, comme il avait l’habitude de faire avec Wigan. Une charnière composée de Phil Jagielka, Antolin Alcaraz et Gareth Barry. De même que précédemment, la ligne défensive est inexistante, Jagielka qui s’avance trop, et Barry qui couvre Jelavic.

Ce sont des erreurs défensives rudimentaires qu’Everton n’a pas commis la saison dernière, où les traces de David Moyes (défense disciplinée) se voyaient encore sans doute.

  • Martinez a-t-il quelque chose à se reprocher ?

Everton joue exactement de la même manière que la saison dernière: Martinez privilégie la possession de balle et un jeu attractif, avec notamment beaucoup de passes courtes dans les trente premiers mètres. Les défenseurs axiaux, Jagielka, Stones, Distin et Alcaraz touchent ainsi beaucoup plus le ballon comparé au style de David Moyes. Mais le fait de jouer tout le temps avec le même style souligne le manque de flexibilité du tacticien espagnol. Les autres équipes savent ainsi comment poser des difficultés à cette équipe, qui joue avec une tactique très peu variée. Résultat, sur beaucoup de matchs cette saison, Everton passe beaucoup de son temps à faire des passes dans son propre camp (4ème « meilleure » équipe dans cette catégorie !). La réticence de Martinez à jouer un style plus direct fait qu’Everton devient très prévisible. Ils ont moins créé et tiré par rapport à l’année dernière.

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(traduction des termes: Shots = tirs ; chances created = occasions crées ; successful passes = passes réussies ; successful passes in own half = passes réussies dans sa moitié de terrain)

Les fans se sont également posés des questions concernant le choix de certains onze de départ cette saison. On a vu Baines jouer en 10, ainsi qu’en milieu défensif. Personnellement, je ne l’ai trouvé pas si mal que ça au milieu de terrain. En revanche, aligner Samuel Eto’o, Ross Barkley et Steven Naismith tous en même temps présente très peu d’intérêt, puisque les trois joueurs préfèrent jouer dans l’axe. Dans certaines rencontres, le jeu des Toffees est affecté, il manque de largeur.

                Malgré tous ces problèmes rencontrés par Everton depuis le début de la saison, Martinez sait surement où et sur quoi il faut agir. Les deux dernières performances, contre Manchester City et West Ham, montrent déjà d’énormes signes d’améliorations. On peut implicitement et intuitivement se demander si ce ne sont pas les joueurs qui ont demandé à Roberto Martinez de jouer un style de jeu plus direct. Une autre chose que nous ne pouvons pas retirer de cette équipe d’Everton est la totale implication de l’ensemble des joueurs, qui travaillent dur pour le bien de l’équipe et de leur supporters… « The People’s Club » a des ressources et nous allons voir s’ils peuvent réagir avant qu’il ne soit trop tard.

Quand la discipline défensive fait gagner Arsenal

Pour clôturer la 22e journée de la Premier League, Manchester City (2nd) recevait Arsenal (6e avant la rencontre). La rencontre s’annonçait difficile pour les visiteurs tant ils ont du mal à l’extérieur face aux « gros » et ce n’est pas le déplacement à l’Etihad, forteresse presque imprenable des locaux, qui allait les rassurer. Pourtant, au terme de la rencontre les Gunners se sont imposés 2-0, résultat on ne peut plus logique.

Arsenal a (au moins momentanément) fait taire les critiques sur son habilité à contenir de grosses écuries, soit parce que bien trop souvent ils ont été totalement submergées par les assauts adverses soit parce qu’ils n’ont pas su tenir pendant 90 minutes un bon début de match. Afin de mieux comprendre la manière dont Arsenal a manœuvré, nous allons à travers cet article nous focaliser sur la discipline et la rigueur qu’Arsène Wenger a mis en place lors de la rencontre.

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Arsenal récupérait un effectif presque complet avant la rencontre mais doit pallier l’absence de Debuchy. Pour cela, Wenger aligne Bellerin, 19 ans, au poste d’arrière droit avec le reste de la défense « type ». Coquelin, dans la continuité de ses bonnes performances est titulaire, Ramsey de retour de blessure et Cazorla excellent dans l’axe récemment complètent le milieu de terrain. Pas de surprise devant.

Un début de rencontre parfait

Arsenal entame la rencontre pied au plancher avec la ferme intention d’empêcher une première relance facile pour Manchester City. L’équipe est relativement haute sur le terrain et bien organisée. Sur le cliché ci-dessous, on aperçoit aisément le milieu à 3 complété le travail des ailiers pour forcer l’adversaire à jouer sur l’aile pour mieux « l’enfermer ».

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Dans le final third, Manchester City ne trouve pas d’ouverture pour « casser » le bloc défensif d’Arsenal. On distingue deux lignes de 4, homogènes et coordonnées. En effet, un des deux relayeurs sort souvent pour gêner le porteur de balle. City n’a nul autre choix que de faire tourner le ballon, en vain, à l’image d’Arsenal régulièrement.

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A l’inverse des rencontres précédentes et du scénario presque « habituel », Arsenal apporte du soutien à ses défenseurs. Le milieu est dense et quand Manchester City oriente sur l’aile, les défenseurs latéraux ne se retrouvent pas en 1 v 1 puisque un milieu vient apporter du soutien. Les Citizens ont largement la possession de balle mais peinent à se créer des occasions, le double rideau d’Arsenal est imperméable.

Dans l’axe, la densité du bloc et l’étonnante application des joueurs d’Arsenal empêche Manchester City de trouver ses joueurs – Milner, Silva notamment – entre les lignes. Ramsey ou Coquelin montent régulièrement sur Fernando ou Fernandinho qui ne peuvent trouver la passe parfaite.

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Un positionnement astucieux

Arsenal va profiter de sa solidité défensive pour conclure les premières vingt minutes par un but, certes sur un penalty transformé par Cazorla à la 24e minute. Dans la majorité des cas, après l’ouverture du score, Arsenal recule, cède du terrain et se relâche – tant au niveau du pressing que du positionnement. Contre Manchester City, les Gunners sont restés sur le même modèle à tel point que les Citizens n’ont jamais vraiment réussi à les inquiéter en première période.

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Manchester City cherche son créateur principal, David Silva, qui essaie de se faufiler entre les lignes d’Arsenal. Même balle au pied, Silva est bloqué : il y a un pressing immédiat sur lui par un ou plusieurs joueurs. Le problème est le même pour ses coéquipiers : ils sont muselés et l’Espagnol n’a pas la possibilité d’orienter efficacement le jeu. Dans le même temps, Fernandinho ou Fernando tentent des montées pour lui offrir des solutions. Le problème est qu’ils n’arrivent visiblement pas à s’entendre ni à se coordonner.

David Silva est donc totalement muet. Rares sont les fois où ils arrivent à recevoir le ballon, encore moins dans une position favorable pour aller de l’avant. Ci-dessous, Alexis le force à repartir vers l’arrière.

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En seconde période, Arsenal va lâcher un peu de mou et se livrer un petit peu plus. On aurait pu croire qu’Arsenal craque et cela aurait pu être le cas car les joueurs sont régulièrement partis en contre pour tenter de mettre le second but. Toutefois, la présence d’un véritable milieu défensif (Coquelin) empêche Arsenal d’être en infériorité numérique quand l’équipe part vers l’avant. Mais face au second du championnat, chez lui, ils ont su ne pas prendre de risques inconsidérés – qui auraient facilement pu avoir des conséquences dramatiques.

Derrière, Arsenal inscrit le deuxième but (par Giroud à la 64e) et continue de garder la tête haute face aux Citizens qui tentent de réagir en faisant rentrer Lampard, Jovetic et Dzeko. Ci-dessous, le premier tente de passer la balle à un coéquipier mais est entouré de trois joueurs d’Arsenal dont Giroud, qui est revenu bas.

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Manchester City attaque en situation d’infériorité numérique et cela se voit assez largement, comme dans le cliché qui va suivre. Arsenal a souvent du mal à contenir les percées dans l’axe et ouvre par incidence les ailes pour compenser. Dans le cas précis, Lampard est entouré de 5 joueurs, ni plus ni moins mais le positionnement de ces derniers l’empêche de servir Silva à droite.

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Un contraste saisissant avec le match aller

En septembre dernier, les deux équipes s’étaient quittées sur un score de parité de 2-2. Le match était beaucoup plus débridé et Arsenal s’était beaucoup plus exposé aux foudroyantes percées des Citizens. Au-delà de l’aspect tactique et disciplinaire, deux postes ont influé sur les différents résultats.

D’abord, le milieu défensif en la personne de Francis Coquelin. Le Français revenu de Charlton où il était prêté a fait son trou et est devenu un titulaire dans le système d’Arsène Wenger. Contre Manchester City, il a eu un rôle déterminant pour son équipe, en témoigne les duels qu’il a remporté.

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Il a complètement dominé le milieu de terrain. De plus, il a réalisé 11 « clearances » (dégagements) et effectué 6 interceptions. C’est par son positionnement qui lui permet d’être au bon endroit pour prévenir du danger et éventuellement intervenir qu’il est efficace.

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Si l’on garde en tête les différents clichés exposés ci-dessus, il est difficile de comprendre comment Arsenal a pu se métamorphoser contre le même adversaire (certes orphelin de Yaya Touré et Nasri dans l’entrejeu). Arsenal était déjà débordé après moins de 10 minutes de jeu. Ce scénario s’est souvent répété cette saison : la défense est exposée, sans protection et, par incidence, est automatiquement en danger. Il est difficile d’interpréter cette situation tant l’organisation d’Arsenal semble pour le coup, désorganisée.

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Lors du dernier match entre les deux équipes, Manchester City s’était notamment distingué par ses très rapides projections vers l’avant favorisées par des transitions efficaces. Arsenal n’avait jamais cherché à empêcher la première relance et l’enchainement est évident.

Enfin, l’autre point fondamental concerne le positionnement des arrières latéraux. A l’inverse du match – et d’innombrables autres rencontres – ils ne se sont pas livrés en jouant trop haut. Ainsi, leurs éventuelles montées étaient réfléchies et compensées par la couverture des milieux. Souvent, le positionnement fait défaut : les latéraux d’Arsenal sont pris dans leur dos car ils jouent haut et ne redescendent pas (assez rapidement). De ce fait, l’équipe se retrouve en infériorité numérique sur le contre adverse.

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Positionnement moyen des joueurs contre Liverpool, 2-2

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Positionnement moyen des joueurs contre Manchester City

Conclusion

Arsenal a probablement livré sa meilleure performance de la saison si l’on considère l’adversaire en face. Par son milieu de terrain densifié, l’équipe a réussi à couper les passes entre les lignes, de ce fait, les joueurs que sont Silva et Milner n’ont pas pu imposer leur style et influer sur le match. Ce match, cependant, a représenté l’antithèse de l’Arsenal Wengerien que l’on connait : possession de balle en dessous des 40% et jeu en contre. Arsenal a peut-être trouvé sa formule pour concurrencer les cadors. Toutefois, l’équipe va devoir confirmer ce résultat contre d’autres équipes du même acabit pour tirer un constat plus clair de ses capacités.

Crédits : Squawka et Whoscored. 

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