Bolton/Blackburn, dans le même bateau ?


Sur la webosphère, on voit fuser des marques d’incompréhension vis-à-vis des situations comparées des managers du dernier et avant dernier de Premier League, à savoir respectivement Owen Coyle et ses Bolton Wanderers ainsi que Steve Kean des Blackburn Rovers. En effet, si sur une première approche du classement, les situations semblent pourtant similaires (et préjudiciables plus la saison avance) ; beaucoup ne comprennent pas le traitement réservé au manager des Rovers dont la presse et les fans demandent la démission semaine après semaine tandis que son homologue qui entraîne le rival honni semble pourtant passer chaque fois plus entre les gouttes. Il convient donc de faire un point sur les situations afin de voir que finalement, elles n’ont pas grand-chose en commun si ce n’est l’éternel refuge de l’aspect statistique…

Hasard du calendrier, les deux rivaux du nord ouest de l’Angleterre s’affrontent ce Mardi soir à Ewood Park (Coup d’envoi 21h) avec pour enjeu de savoir lequel des deux écossais passera les fêtes au chaud !

 

Blackburn, époque pré-poulaillère

…Hélas, plus pour longtemps

Mai 2010, Blackburn achève le championnat à la 10e place du championnat, concrétisant le retour en puissance d’une équipe à qui on ne donnait pas long feu… pas plus d’ailleurs qu’à son manager novice Paul Ince durant les premiers mois de la saison précédente (3 victoires en 17 matchs). Sam Allardyce, bien que figure emblématique du rival, fut  nominé à la tête du club du Lancashire après l’éjection de l’ancien manager des MK Dons. Il fera passer à Blackburn une seconde partie de saison loin des remous de la lutte pour ne pas descendre. A l’image de ce qu’il avait mis en place et profitant d’un effectif d’internationaux cosmopolites trentenaires similaire à celui dont il disposait déjà lors de ses années à Bolton (1999-2007) ; « Big Sam » a renouvelé l’expérience avec succès en articulant son équipe dans un 4-5-1 faisant la part belle à un jeu direct et à une cohérence collective faisant à nouveau de son équipe un des blocs les plus difficiles à manœuvrer outre-manche. Concéder des coups de pieds arrêtés contre cette équipe devenait alors une menace permanente, que ce soit pour des frappeurs de près tels que Brett Emerton ou Gamst Pedersen ou bien par la possibilité de subir le jeu au pied de Paul Robinson sur des longs ballons lointains mettant en valeur les stratégies des Rovers dans leurs mouvements et leur positionnement systématique sur phases arrêtées. Dans le sens où la tactique ne consistait pas simplement qu’à « balancer le ballon dans la boîte ».

Automne 2010 : En dépit d’un début de saison mi-figue mi-raisin (2 victoires en 10 journées et une place de relégable), les observateurs étaient globalement unanimes sur l’avenir de cette équipe qui semblait plus solide, plus expérimentée et encore plus organisée et qui ne devait du fait pas s’éterniser en bas de classement.

Parallèlement à ceci, un consortium diligenté par le géant de la volaille Indien Venky’s se positionna pour reprendre le club et obtint dans le courant du mois de Novembre la mainmise sur le club contre un chèque de £23m. Au menu de la reprise, des déclarations surprenant de la mystérieuse Anuradha Desai, en tête du consortium, qui déclara « regarder parfois du cricket et du hockey mais jamais de football » et qui fixa pour objectifs d’ « atteindre la C1 », « produire du beau football »  et pour ce, mit à disposition du manager une enveloppe de… £5m pour le mercato d’hiver. Allardyce jugé inapte pour atteindre ces objectifs notamment dans le jeu, il fut éjecté sans ménagement lors de la deuxième semaine de décembre, décision qu’Alex Ferguson (qui ne passerait pourtant pas ses vacances avec Allardyce) jugera « insensée ».

Quand les vagabonds vagabondent en bas de tableau

Quand Megson était aux commandes de Bolton…

Bolton connut de son côté un début de saison 2009/2010 compliqué sous les ordres de Gary Megson, n’ayant engrangé que 4 victoires lors des 18 premières journées. Le « Mourinho Roux » n’aura jamais réussi à convaincre les fans de Bolton qui étaient selon un sondage dans un journal local à moins de 2% favorables à sa nomination en 2007 après le bref intermède de Sammy Lee (ayant pris la succession de… Sam Allardyce).
Les 3 défaites consécutives d’entrée de Championnat (avec malgré tout une 12e place au classement fin Octobre) puis les résultats engrangés par la suite vont rapidement avoir raison de lui suite à des défaites assez conséquentes à Chelsea (0-4) ou Aston Villa (1-5) et des piètres performances face à des concurrents directs pour le maintien (Hull, Wolves). Cette première partie de saison s’était déroulée dans un climat délétère ; les recrues ne montraient pas de signe d’adaptation : Elmander que Megson avait fait venir de Toulouse erra sans but en Championnat entre Décembre 2008 et Novembre 2009, Zat Knight inscrivant deux buts contre son camp en l’espace de quelques journées et qui ne contribuait aucunement à la stabilité défensive de son équipe, à l’image de Gary Cahill, lui aussi inquiétant. Megson devait aussi affronter le mécontentement grandissant des fans qui lui reprochaient son 4-5-1 frileux qui n’avait aucune efficacité tant défensivement qu’offensivement (Klasnic et Elmander furent rarement alignés ensemble). La défaite à Wolverhampton sera marquée par des « Megson demission » de plus en plus nombreux descendant des travées. Le nul concédé contre Hull City fin décembre (2-2) alors que Bolton menait pourtant 2-0 va alors constituer la goutte qui fit déborder le vase d’autant que le manager de Bolton avait fait sortir Klasnic pour Gavin McCann à 2-1 sous une bronca du Reebok Stadium. Mais peu importe, l’ancien joueur de Sheffield Wednesday fut relevé de ses obligations le lendemain, laissant la porte ouverte à un nouveau manager sans doute présentement plus apte à maintenir les Wanderers et aussi (surtout) en mesure de reconquérir le soutien des fans.

Après la tempête : Bolton

Owen Coyle

A Bolton et après que les noms de Peter Reid, Gary Speed (Paix à son âme) et Mark Hughes aient circulé, le président du club, Phil Gartside jeta finalement son dévolu sur Owen Coyle, un ancien attaquant du club (1993-1995). Choix surprenant sachant que le manager Ecossais alors en charge de Burnley avait repoussé les approches insistantes du Celtic l’été précédent et semblait bien déterminé (et bien parti, son Burnley était classé 11e en décembre, 7 places plus haut que Bolton) à maintenir le club qu’il avait ramené dans l’élite après 33 années de disette ! Les négociations aboutirent à la nomination de Coyle le 8 janvier en tant que Manager Général de Bolton.
Fort d’idées de jeu contrastant fortement avec celles de son prédécesseur et brillamment mises en place à Burnley (principal rival de Blackburn, pour l’anecdote), le jeu de Coyle était basé sur une circulation du ballon et un jeu à terre utilisant le milieu de terrain, mettant en valeur Eagles et Paterson notamment. Milieu de terrain que Megson faisait pourtant allègrement sauter au profit de longs ballons de la défense à l’attaque ; on se demandait à ce moment si Coyle arriverait à réussir une improbable transformation là où Sam Allardyce et Gary Megson avaient précédemment officiés en apôtres du Kick&Rush.

Après le coup d’état : Blackburn

Steve Kean a pris du galon après l’éjection de Big Sam

Près d’un an plus tard, à Blackburn et peu après le départ inattendu de « Big Sam » en décembre 2010 donc, les nouveaux dirigeants n’allèrent pas chercher bien loin son successeur et se pencheront sur l’entraîneur des Rovers, l’écossais Steve Kean. Allardyce Manager Général du club, il avait profité d’une opération du cœur pour prendre place en tribunes lors de sa convalescence quelques mois auparavant et avait depuis pris l’habitude de s’asseoir aux côtés de son président John Williams. Le tout en restant relié à son banc via un système de communication par casque et micro ; en profitant de la double expérience permise par la vue simultanée du terrain et de l’écran  installé en tribune pour disposer d’un point de vue différent sur le jeu.

Sam Allardyce, en plein zapping présidentiel à Ewood Park

Steve Kean sera alors nommé « caretaker manager »soit manager intérimaire jusqu’à la fin de la saison, l’écossais ayant réussi selon la presse à convaincre lors d’une entrevue ses dirigeants de sa carrure pour faire franchir un pallier au club dans le jeu notamment (ce qui portera à polémique étant donné que la réunion aurait eu lieu alors qu’Allardyce était toujours en poste). En écho à cela, la famille Desai (qui compose en grande partie consortium Venky’s) déclarera que Kean disposera alors de la durée restante jusqu’à la fin de la saison pour démontrer ses compétences de manager. Tout ça pour lui offrir un juteux contrat de 4 ans quelques semaines plus tard sans que rien n’ait vraiment évolué dans le fond ou les résultats.

Etat des lieux un an plus tard

Owen Coyle, en dépit d’une conception personnelle du football opposée à celle pratiquée par l’équipe du club dont il a pris les commandes, va pourtant dans un premier temps faire taire ses ardeurs et focaliser son groupe sur l’objectif du maintien (assuré à 3 journées de la fin) en dépit d’un jeu toujours aussi direct, mais néanmoins avec une cohésion d’équipe bien plus perceptible que par le passé. Durant l’été, l’ancien manager de Burnley s’attacha à mettre en place son plan de jeu qui fit par la suite merveille durant l’automne. En redynamisant totalement un groupe qui se laissait aller après avoir petit à petit coupé les ponts avec la réalité, les fans, Megson… Coyle va transformer de nombreuses individualités en les libérant totalement. On pense bien sur à Johan Elmander, éphémère meilleur buteur du championnat au bout de 11 journées (8 buts) mais aussi à Stuart Holden, pierre angulaire du jeu pour son retour dans le foot Anglais (premier passage raté et sans match à Sunderland en 2005) tout comme à Gary Cahill, mis en lumière pour sa solidité et sa qualité balle au pied. Par la suite et imitant notamment Wladimir Weiss et Jack Wilshere, auteurs de brillantes performances la saison dernière ; Daniel Sturridge prendra également l’envergure de son potentiel grâce à la confiance d’Owen Coyle en inscrivant 8 buts en 11 matchs lors de la seconde partie de saison.

Elmander, Sturridge et Holden célèbrent un but à Newcastle

Les résultats ne se feront pas attendre, Bolton pointera à la 6e place dès la 10e journée et sera encensé par les critiques pour son jeu attrayant de « passing football » faisant briller ses individualités tout en inscrivant des buts collectifs de toute beauté (à l’image du but de Mark Davies face à Blackpool ou celui d’Elmander à Wolverhampton, aisément visionnables sur le web).

Néanmoins, la faible profondeur de banc et les nombreuses blessures (Knight, Ricketts, Klasnic, Muamba et plus tragiquement celle d’Holden en fin de saison) auront raison des ambitions Européennes du malheureux Coyle qui sera contraint de bricoler des compositions plus improbables les unes que les autres en seconde partie de saison notamment dans l’entrejeu où le buteur (désormais aphone) Elmander put croiser la route de Ricardo Gardner, habituel latéral gauche. Le tout faute de moyens financiers à sa disposition (près de £80m de dettes aux dernières estimations) et suite au refus catégorique de Coyle de vendre ses joueurs de valeur tels que Gary Cahill ou Johan Elmander afin de combler en partie la dette et renforcer ses lignes.

La saison prendra réellement fin suite à l’élimination monumentale en demi-finale de la Coupe d’Angleterre par Stoke City (5-0) qui laissera des séquelles importantes pour un groupe qui souhaitait offrir la FA Cup au club en hommage au « Lion de Vienne » Nat Lofthouse, joueur emblématique du club disparu au cours de la saison (255 buts en 452 matchs ainsi que 30 buts en 33 sélections en durant une carrière exclusive avec Bolton de 1946 à 1960). Cette élimination suivant de peu la grave blessure à la jambe à Old Trafford du dépositaire du jeu et meilleur élément de l’équipe sur la saison, Stuart Holden.

De la 6e place où les Wanderers se seront maintenus malgré les mauvais résultats, Bolton achèvera finalement la saison à la 14e place (8e à la 35e journée) et subira les effets de la  densité du milieu de classement pour chuter de plusieurs places (à l’image de Stoke City 8e à la 36e journée pour finir 5 places plus bas),  tandis que d’autres clubs « escrocs » tels qu’Aston Villa bénéficieront d’une heureuse concordance de résultats pour sauver le bilan apparent de leur saison (14e à la 36e journée et 9e au terme du championnat).

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Steve Kean, selon la volonté de sa hiérarchie ou par simple prétention personnelle n’a lui pas attendu d’avoir assuré le maintien de son équipe pour s’attaquer au remodelage du plan de jeu. Non content de débuter sa mission avec un vestiaire quasiment entièrement hostile à sa nomination (les joueurs étaient attachés à Allardyce et entretenaient des relations de confiance réciproque)  et des cadres menaçant de quitter le club lors du mercato (Samba principalement) ; Kean a laissé de côté le jeu direct de son prédécesseur au profit d’un semblant de jeu au sol basé sur une circulation du ballon. Les premiers effets vont rapidement se faire sentir, outre un manque d’envie et d’agressivité contrastant totalement avec la patte Big Sam ; les lignes seront totalement distendues laissant une défense à l’abandon et un collectif en panne totale d’inspiration devant dans la mesure où ses automatismes offensifs auront largement été chamboulés et remis en question. [A titre de comparaison, il est également possible de relever le même cas de figure à Sunderland dès lors que Bruce décida de mettre de côté Darren Bent et le jeu long pour mettre en avant Gyan ou Welbeck ; les résultats ont du coup cessé de suivre suite à un manque logique de réalisme et d’opportunisme après le départ du néo buteur d’Aston Villa.]

En abandonnant le 4-5-1 au profit d’un 4-1-3-2 porté sur le papier davantage sur l’offensive ; Kean perdra régulièrement la bataille du milieu. Le milieu Jermaine Jones – Steven N’Zonzi (sans cesse permuté) n’aura pas grand chose de la densité entrevue avec l’entrejeu à 3 de « Big Sam » formé la plupart du temps de la révélation Phil Jones un cran derrière la paire Dunn-Pedersen. Offensivement, les lacunes des Rovers depuis l’incroyable saison de Roque Santa Cruz (18 buts en 2006/2007) ont été plus que jamais mises au jour avec les tribulations devant le but (10 buts à eux 4) de Jason Roberts, Mame Biram Diouf, Benjani ou encore Santa Cruz (revenu en prêt en Janvier mais fantomatique sur le terrain). L’Ecossais sera également crédité d’une gestion peu évidente de la recrue offensive phare et meilleur buteur Nikola Kalinic (débauché pour £7m du Hajduk Split pendant l’été) qui sera inexplicablement mise au ban du groupe malgré ses 5 buts en première partie de saison alors qu’on pensait que sa saison se lançait enfin durant le début de l’hiver.

Dann, Yakubu, Formica et N’Zonzi tentent de surnager dans le marasme sportif de Blackburn

Kean n’aura convaincu personne durant cette demi-saison où il parviendra péniblement à maintenir les Rovers avec seulement 21 points pris et 5 victoires en 20 journées, à travers des contres performances notables telles qu’une défaite contre Stoke City à Ewood Park au terme d’un match inquiétant de passivité. Si il est évidemment impossible de pouvoir prédire à l’heure actuelle à quelle place Blackburn aurait achevé le championnat si Sam Allardyce était resté en place ; il n’y a néanmoins pas un pas immense à franchir pour avancer que les Rovers n’auraient surement pas du attendre deux victoires et un nul lors des trois dernières journées dont une victoire à Wolverhampton, également menacé tout comme son visiteur d’une descente au terme de la 38e et ultime journée pour se maintenir de justesse en Premier League…

Venky’s, Kentaro et le poids de la dette de Bolton

Durant cet été, Coyle a véritablement enchaîné les déconvenues. Il reçut tout d’abord en pleine figure la décision de ne pas avoir vendu Johan Elmander au mercato précédent, le voyant partir libre pour Galatasaray. L’absence de fonds disponibles contraindra alors Bolton à vendre pour acheter, les ventes d’Al Habsi, révélation à Wigan en prêt sera transféré définitivement (£4m) tandis que Matt Taylor ira rejoindre Allardyce (décidément, on ne parle que de lui !) à West Ham pour un peu plus de la moitié du montant déboursé pour le gardien Omani. Les seules dépenses du club serviront à s’attacher les services de Chris Eagles et Tyrone Mears de Burnley ainsi que David N’Gog de Liverpool. Coyle devra se rabattre sur les pistes des joueurs libres de contrat tels que Darren Pratley et Nigel Reo-Coker, censés densifier numériquement et physiquement l’entrejeu Wanderer.

Sur le papier, la saison devait avoir fière allure et les derniers mois de la saison ne devaient ne constituer que de simples tribulations dans le cycle sportif de Bolton mené par Owen Coyle. Mais puisqu’en football, rien ne se passe vraiment comme prévu, Bolton va subir une série de casseroles à peine croyable à commencer par les doubles blessures de Lee Chung Yong et Tyrone Mears, sur le flanc pour 9 mois après s’être fracturés la jambe en pré-saison. Au rayon des blessures, Stuart Holden apprendra avec joie qu’il devra se faire opérer à nouveau et devra observer une période de repos similaire à celle qu’il a déjà connue.

Le championnat débutera sur un enchaînement délicat de rencontres (Liverpool, Manchester City, Manchester United, Arsenal et Chelsea lors des 7 premières journées) qui auront pour effet le plus notable de ruiner (définitivement ?) le moral des troupes après les défaites initiales en démontrant que la fin de saison dernière aura tout de même laissé des traces plus importantes qu’on pouvait l’imaginer, empêchant les Trotters de se remobiliser après un nouvel enchaînement de défaites.

Jääskeläinen abbattu, pendant que Cahill se tourne comme trop souvent sur ses coéquipiers

Ajouté à cela, Coyle constate depuis son banc que ses individualités, boostées la saison dernière par un relationnel et des méthodes de fonctionnement et coaching différentes que par le passé ; semblent avoir perdu la confiance et la spontanéité que l’écossais avait pu leur allouer. Ainsi Kevin Davies n’est plus que l’ombre de la terreur qu’il fut, il est désormais souvent remplacé en cours de rencontre sans avoir pu peser en quelque manière que ce soit sur la défense ou le résultat du match. Zat Knight, Paul Robinson ou Greitar Steinsson sont catastrophiques tandis que Jääskeläinen se retrouve plus que jamais le dernier maillon d’une défense perméable à souhait comme il (elle) l’était déjà sous Megson. Doux rêveur et porté par ses envies d’ailleurs, Gary Cahill semble tout mettre en œuvre pour prouver à l’opinion qu’il n’attend que le mois de Janvier pour signer où il le souhaite et semble très loin de son niveau (pourtant pas si emballant qu’on voudrait nous le faire croire) de la saison précédente en dépit de son statut de néo-International (pour la Sélection qui peut continuer  à appeler Joleon Lescott et Stewart Downing à chaque rendez vous International).

En addition de la dette financière déjà évoquée, Bolton voit une dizaine de joueurs clés de son effectif arriver en fin de contrat l’été prochain. Coyle a donc du geler toutes les négociations contractuelles afin que ses joueurs soient le plus concentrés sur l’objectif du maintien et qu’aucun opportuniste ne saisisse l’occasion de s’adjuger quelques années de contrat supplémentaire avant de considérer l’option de s’investir vraiment pour obtenir des résultats.

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A Blackburn, bien que les fans grondent après avoir été sortis de leur routine (John Williams, parti dégraisser la masse salariale de Manchester City était en poste depuis 14 ans), l’été fut bien moins difficile. Sans forcément rouler sur l’or (bien que les rumeurs les plus folles circulent sur la présence ou l’absence totale d’argent), Blackburn dispose de fonds qui lui ont permis de réaliser un mercato tout à fait correct. A ce même titre, les contrats des principaux joueurs ont été grassement renouvelés : ce qui pose le problème de la relégation quasi inévitable, les contrats ne sont pas adaptés à une telle situation (clauses de départ, réductions de salaires etc…)

Le bras long des nouveaux actionnaires du club va également permettre de rapprocher le club de l’agence de joueurs Kentaro (ce qui inquiète le plus les fans à l’heure actuelle, ne voulant pas voir leur club devenir une vitrine à joueurs et donc à terme, une pompe à fric et un recycleur d’argent à la provenance douteuse).

Les Rovers accueilleront des jeunes joueurs déjà côtés tels que David Goodwillie (Brillant à Dundee, il cadre néanmoins autant de frappes qu’un gardien de but cette saison) ou encore Simon Vukcevic (qui commence à faire son trou sur l’aile gauche) mais aussi Radoslav Petrovic ou Myles Anderson dont le père n’est autre qu’un agent de l’agence Kentaro… Steve Kean a également obtenu la signature d’un défenseur Anglais qui monte, Scott Dann dont le partenariat solide avec Roger Johnson à Birmingham City a fait couler beaucoup d’encre depuis deux saisons. Yakubu et sa centaine de buts en Premier League dans des clubs modestes (Portsmouth, Middlesbrough, Everton) mais handicapé par une grave blessure au tendon d’achille qui souhaitait se relancer après un prêt à Leicester City a rejoint Blackburn pour une bouchée de pain.

Samba/Dann, rare satisfaction pour Blackburn cette saison

A l’inverse de son compatriote à la tête de Bolton, Steve Kean peut s’appuyer sur ses valeurs sures telles que Paul Robinson ou encore Chris Samba (impérial à Sunderland la semaine dernière, Arsenal le courtise depuis bientôt deux ans). Devant et malgré l’absence (depuis un an désormais) d’une ligne directrice dans l’animation offensive, David Hoilett, Ruben Rochina et surtout Mauro Formica tirent leur épingle du jeu et tentent malgré tout de tirer l’équipe vers le haut. Ce qu’Owen Coyle souhaiterait accessoirement de Gaël Kakuta ou encore Martin Petrov, bien trop focalisés sur la couleur des lacets de leurs chaussures depuis leur arrivée à Bolton.

Pour conclure

A première vue, entre la dernière et l’avant dernière équipe de Premier League, on n’est pas aisément en mesure de voir ce qui peut distinguer ces équipes à la simple vue du classement. Comme souvent, le manager d’une équipe en difficulté est plus facilement mis au pilori que ses joueurs. Pourtant, si statistiquement le résultat diffère peu et que sportivement les résultats sont  semblables ; il n’est vraiment pas pertinent de mettre dans un même bateau deux managers qui tentent certes de mener leur équipe du mieux ou « moins pire » possible mais qui ne disposent néanmoins pas des mêmes moyens et qui par-dessus tout, sont en grande partie responsables de dynamiques qui sont finalement totalement opposées.

Owen Coyle aura moins de difficultés à rebondir que son collègue en cas de départ.

Ainsi, si Bolton est en queue de file avec la lanterne rouge sur son dos, il ne faudrait pas oublier le contraste entre la morosité de la période Megson et les éclats d’un début de course à l’Europe avec un groupe totalement libéré, le tout grâce à un manager et un meneur d’hommes qui a déjà fait ses preuves par le passé et qui ne devrait pas avoir de difficultés à rebondir dans le cas où son club se séparerait de lui.

A l’inverse, il semble évident qu’un fonctionnement tel que celui de l’agence Venky’s avec les Blackburn Rovers ne pouvait mener qu’à un tel désastre sportif. Alors certes, on pourrait avancer que Coyle a bénéficié du temps que Kean n’a jamais eu, mais il n’empêche que Kean reste et restera la figure de proue sportive du brusque changement de direction sportif du club du Lancashire. En passant d’une référence qui a fait ses preuves en milieu de tableau du Championnat d’Angleterre (si West Ham s’est précipité sur Allardyce cet été pour se reconstruire, c’est qu’il doit y avoir une raison valable) à un manager inexpérimenté agissant tel le pantin de sa hiérarchie aux lubies plus décalées qu’inquiétantes pour la pérennité du club, la chute sportive attendue n’aura pas manqué.

La communication avec les fans totalement occultée des débats avec ce reni systématique de la contestation à Ewood Park (et ce n’est pas faute d’y mettre les moyens entre slogans, pancartes, chants, manifestations, T-shirts…) n’aura qu’autant agacé les fans que les décisions sportives incompréhensibles prises par Kean telles que ce brusque changement de plan de jeu qui aurait déjà pu couter à Blackburn une descente l’été dernier et qui devrait en toute logique n’avoir été que reportée à Mai prochain.

Le message est clair, les fans ne veulent plus de Kean

Tandis que Coyle tente d’obtenir des résultats avec un groupe qui se réduit considérablement en quantité et qualité faute de moyens financiers et d’attractivité, qui prend de l’âge et qui ne semble plus en mesure de rebondir de ses déconvenues de la saison dernière ou de se remobiliser ; Kean semble tel un enfant gâté avec un effectif dont la colonne vertébrale est certes également vieillissante, mais qui dispose sur le papier d’une équipe qui pourrait prétendre à intégrer la première moitié de tableau avec des joueurs qu’accueilleraient bien volontiers nombre de clubs de Premier League (Samba, Dann,  Hoilett, Pedersen, Formica, Yakubu…) … le tout à la condition de pouvoir être en mesure de l’exploiter au maximum. Blackburn n’a également pas connu le taux de remplissage de l’infirmerie de Bolton et a pu disposer régulièrement de sa colonne vertébrale.

Finalement, Coyle est parti de très bas avant de monter de façon exponentielle avant que les limites de ses propres moyens pourtant brillamment exploités ne le fassent revenir à une routine d’abord plus modeste puis, par la suite, inquiétante. La routine a brisé la dynamique et a épuisé les ressources supplémentaires de chaque joueur (raison vraisemblable du départ de Matt Taylor pour West Ham, comme Brett Emerton parti à Sydney, ils ont senti le vent tourner et ont quitté le navire à temps).

Kean s’est installé, lui, dans un fauteuil (récemment augmenté par ses dirigeants) au milieu d’un bourbier artificiel et remet en cause (la volonté est louable, le timing… un peu moins) un plan de jeu pourtant huilé tout en exploitant une toute petite partie du potentiel à sa disposition (le collectif soudé d’Allardyce a été remplacé par une purée infecte où tentent de surnager quelques individualités).

Les fans de Blackburn n’attendent que la démission du manager de leur équipe qui n’aura jamais réussi à faire avancer les choses, l’arrivée et les performances des recrues constituent encore actuellement un écran de fumée de par quelques exploits isolés derrière lequel Kean se réfugie. En dépit d’une éventuelle victoire ce soir, rien ne prouve que la victoire pourra servir de point de départ. Celles contre Arsenal (4-3) et Swansea (4-2) sont déjà restées sans suite.

Quoi qu’il arrive, l’avenir du Champion d’Angleterre 1995 est plus que jamais menacé, aucunement préparé à une relégation, les conséquences n’en seront que plus brutales.

BLACKBURN ROVERS – BOLTON WANDERERS

Ewood Park, 21:00 le 20 Décembre 2011

2 commentaires sur “Bolton/Blackburn, dans le même bateau ?

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  1. Brillant, vraiment! Un vrai plaisir à lire.

    Concernant Blackburn, on est d’accord, plus tôt Kean sera viré, meilleur sera le classement des Rovers en fin de saison. Mais Blackburn a quelque chose que de nombreux clubs qui luttent contre la relégation n’ont pas: Un vrai buteur, en la personne de Yakubu. Ca pourrait tourner en leur faveur sur la fin.

    Ca va être dûr pour Bolton. Depuis 2000, seul WBA s’est sauvé en occupant la dernière place à Noël….

    J’ai le sentiment, cependant, que Blackburn va s’en sortir, malheureusement… Juste un feeling, comme ça… De toute façon, ça se passe jamais comme on l’attend, on a vu Birmingham gagner la League Cup et s’effondrer en suite, on a vu Blackpool flamboyant à Noel s’essouffler, et les Wolves qui semblaient dans le pétrin se sauver in extremis.

    Ca sera une fin de saison passionante!

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