Dans le monde du sport professionnel, un journeyman est un joueur qui a joué pour un grand nombre de clubs. Et s’il n’atteint pas le niveau des Trevor Benjamin, John Burridge, Jefferson Lee (29 clubs) ou Lutz Pfannenstiel (25 clubs sur tous 5 continents), le parcours de Leon Knight mérite le détour. De Neon Light à Leon Who , d’espoirs footballistiques en désespoir virtuelle, retour sur un parcours atypique de l’attaquant de poche (1m66).
De débuts prometteurs à l’idole de Brighton
Ne le 16 Septembre 1982 à Hackney (Londres), Leon Leroy Knight vit avec ses parents et ses 3 soeurs. Sa mère, Charmaine, l’oblige à faire du karaté pour qu’il puisse se défendre dans un environnement hostile. D’abord réfractaire, il se prend au jeu au point d’obtenir une certaine réputation :
I remember my mum taking me to karate when I was little. It was to protect myself because I lived in a pretty rough area, not actually to go out fighting. I didn’t want to do it at first, but she was looking out for me and then I enjoyed it so much I just kept doing it. (…) I’m actually a third dan black belt in karate and martial arts. I stuck with it for about five years and I represented England.
Il se lance ensuite dans le football avec l’equipe de Hackney & Tower Hamlets District avant de rejoindre le Senrab FC (club de jeunes où sont passés certains grands noms – voir ici). Reperé par National School of Excellence de Lilleshall, il y passe 2 ans en compagnie, entre autres, de Joe Cole et Jermain Defoe. Apres des tests pour Tottenham Hotspur et Charlton Athletic, il rejoint finalement le Chelsea Football Club en 1999 où il retrouvera un autre attaquant de petite taille en la personne de Gianfranco Zola.
Il fait ses grands débuts professionnels le 27 Septembre 2001, en Coupe de l’UEFA. En déplacement sur le terrain du Levski Sofia, Leon Knight rentre à la 60eme minute en remplacement de Zola. Remarqué par Ian Holloway lors d’un match de la réserve de Chelsea, Knight se retrouve prêté aux Queens Park Rangers alors en lutte pour le maintien en Division One (équivalent du Championship actuel). Malgré les 11 matchs joués (pour aucun but), il n’aide pas QPR qui se retrouvent relégués en Division Two.
A peine retourné à Chelsea qu’il se retrouve prêté pour un club de Division Two : Huddersfield Town FC. Le prêt initial était d’un mois mais les performances de Knight (4 buts en 6 rencontres) ont séduit le manager Lou Macari et son assistant Joe Jordan qui le gardent jusqu’à la fin de saison. En 31 apparitions pour les Terriers, il inscrit 16 buts, terminant ainsi meilleur buteur du club devant le héros local Andy Booth. C’est également à cette période qu’il se trouve lui-même le surnom de Neon Light. Mais un carton rouge reçu en fin de saison l’empêche de participer aux play-offs et Huddersfield voit ses rêves d’accession s’arrêter. Cependant ses performances se font remarquer et il est appelé en cours de saison en équipe d’Angleterre des moins de 20 ans pour un match amical contre le Portugal.
Nouvelle saison et nouveau prêt. Cette fois-ci, direction Sheffield Wednesday. Sous les ordres de Terry Yorath, il dispute 24 matchs pour seulement 3 buts et ne peut empêcher la relégation de son club.
En Juillet 2003, il se retrouve à Brighton & Hove Albion FC. Initialement prévu pour une période de 2 mois, Leon Knight inscrit 4 buts en 2 rencontres et voit son séjour se prolonger jusqu’à la fin de saison. Brighton fait une bonne saison et termine à la 4eme place tandis que Knight termine meilleur buteur de la division en compagnie de Stephen McPhee (Port Vale) avec 25 buts. La saison ne s’arrête pas là puisque les Seagulls se retrouvent en Play-Offs. Apres un premier tour contre Swindon, Brighton & Hove atteint la finale. Contre Bristol City, Leon Knight inscrit le seul but du match, emmène son équipe dans la nouvellement nommée Championship et devient un des favoris des supporters.
De transferts en transferts
Transféré pour un montant de £100,000, la saison 2004/05 devait confirmer sa progression mais il ne montra plus la même forme. Avec un uniquement 4 buts en 41 matchs, Knight semble devenir fainéant en se contentant uniquement de ses anciens exploits.
La saison suivante sera tout autant difficile. Son attitude déplait de plus en plus à son manager MarK McGhee. Et le point de non retour se fait lors en Janvier 2006. En route pour un match contre Southampton, Knight discute avec Michel Kuipers (gardien de but de Brighton) en indiquant que McGhee prenait de mauvaises décisions. Un assistant a entendu la conversation et l’aurait rapporté au manager. S’en suit une discussion brève entre le manager et son joueur :
– Do you think I am making the wrong decisions ?
– I don’t know what you’re really talking about.
– Driver, stop the bus.
Prié de sortir de sortir du bus sous un temps affreux en pleine New Forest, alors qu’il était en tongs, Leon Knight réussit à réintégrer le bus tout en lui étant indiqué qu’il ne serait pas sur la feuille de match.
Pour l’anecdote, il faut préciser que McGhee n’est pas à son premier coup d’essai avec les histoires de bus. En effet, en Avril 2005, suite à une dispute à la mi-temps d’un match contre Burnley, il ne souhaitait pas que Mark McCammon rentre avec l’équipe en bus et lui a indiqué qu’il devait retourner à Brighton dans un autre véhicule du club avec deux autres membres du staff. Le joueur déclina la proposition et rentra chez lui par ses propres moyens (du moins en train).
Quelques jours après l’incident du bus, Brighton accepte une offre de transfert venant de Swansea City. Il quitte les Seagulls avec 34 buts en 108 buts.A peine arrivé au Liberty Stadium, Knight se distingue avec un hat-trick pour son premier match lors d’une victoire contre Milton Keynes Dons (3-1). Il terminera la sa saison avec un total de 12 buts avec également un autre triplé contre Chesterfield.
Continuant sur sa lancée, le début de saison 2006/07 est plus que prometteur : 7 buts en 9 matchs. Malgré cela, son attitude en dehors des terrains déplait. Par médias interposés, Knight et le club (via le manager Kenny Jackett) se livrent une guerre. un nouveau prêt l’emmène à Barnsley au mois d’Octobre où il ne marque aucun but en neuf matchs. En Janvier 2007, il est finalement transféré au club de Milton Keynes Dons avec un communiqué savoureux des Swans :
A lot has been said between Leon and Swansea over recent months, but now is the time for everyone to move on. Rather than look to blame any particular party in this event, we need to draw a line under the whole affair and move on. Unfortunately, as in life, things don’t always work out as planned and we wish Leon all the best at his new club.
Il ne reste qu’un an chez les Dons où il ne marque que 5 buts en 33 matchs avant de rejoindre le dixième club de sa carrière : Wycombe Wanderes de Paul Lambert. Alors en League Two, le manager fonde d’assez grands espoirs en Knight :
I’ve been looking for a striker with bags of pace to complement Scott McGleish and John Sutton. He’s proved that he can score goals, not only at this level, but a couple of divisions higher as well.
Apres une demi-saison moyenne chez les Chairboys où il joua 20 macths (pour 5 buts), Knight se retrouve dans une situation qu’il commence à plus que bien connaitre : il doit se chercher un nouveau club après que son contrat se soit terminé sur consentement mutuel.
Il retrouve refuge en Conference, au Rushden & Diamonds Football Club où, en Juillet 2008, il signe pour 2 ans plus une année en option. Dernière recrue d’une intersaison qui verra l’arrivée de pas moins de 9 nouveaux joueurs, Knight est supposé être la star de l’équipe, du moins le grand nom d’une équipe favoritepour le titre.
L’imbroglio Rushden & Diamonds
Mais tout ne se passe pas comme prévue. Fin Octobre, le club végète à la 12eme place du classement et se fait éliminer en FA Cup contre Evesham (décrite comme l’un des jours les plus sombres du club). Huit joueurs sont placés sur la liste des transferts incluant Knight dont le rendement n’est pas assez suffisant (4 buts en 12 matchs). La situation s’aggrave pour le joueur puisqu’il est tout simplement licencié en Décembre pour avoir enfreint le code interne du club. Pire pour lui, le propriétaire du club Keith Cousins garde malgré tout la licence du joueur l’empêchant ainsi de rejoindre un autre club anglais avant Juillet 2010 à moins que celui-ci paie £30,000 d’indemnités.
Pour contourner cela, en Janvier 2009, Leon Knight décide de s’exiler et se retrouve en Grèce, au Thrasyvoulos FC pour 6 mois. Hors de forme durant son séjour, il ne prend part qu’à 3 rencontres avant d’aller effectuer des essais aux San Jose Earthquakes en MLS. Revenu bredouille des Etats-Unis, il se retrouve au Hamilton Academical, club de Scottish Premier League en Juillet 2009. Il débute le lendemain de sa signature contre Aberdeen. En Décembre, il se retrouve impliqué dans la bagarre entre les joueurs d’Hamilton et de Hearts of Midlothian et écope d’une suspension. Libéré par son club en Janvier, il signe Queen of the South jusqu’à la fin de saison. Un nouveau passage qui ne restera pas dans les souvenirs des fans puisqu’il ne joua que 6 rencontres.
En Septembre 2010, il se décide à rentrer en Angleterre et tente un essai pour le club de Blue Square Premier League, Darlington FC. Alors que le club est d’accord pour prolonger l’aventure, son ancien club Rushden & Diamonds a levé l’option de son contrat (option que Knight avait validé en Septembre 2008 avant de se faire licencier), ce qui bloque le joueur pour encore une année. Sur son compte Twitter, Knight explique alors qu’il choisit lui-même de ne pas racheter son contrat par principe. Interrogé par le journal The Northern Echo, il explique ensuite sa situation :
I’ve started a volcano on Twitter, I’ve said a few things on there about Rushden and people who don’t agree have responded but they don’t know the truth.
Some people wouldn’t believe what goes on behind closed doors at a football club.
At first I didn’t want to say anything because I was worried about what might happen, but now I’ve got nothing to lose so I might as well say how I feel because Rushden are taking the mick out of me.
Rushden have said they don’t want the money from Darlington, they want it from me – I refuse to pay them out of principle. If I wanted I could raise the money and pay them but I don’t want to give them the satisfaction.
They are ruining my life and I won’t let them get away with it. I’ve got two kids and a wife but they don’t care, they’re just trying to finish me but I won’t let them.
Contraint de nouveau s’exiler pour exercer son métier, Leon Knight prend la direction du club Coleraine en Irlande du Nord. Il y passe une saison plus qu’honorable avec 14 buts en 23 matchs. Enfin libre de retourner en Angleterre, il fait un essai à Swindon Town en 2011. Mais sa condition physique ne convainc pas le manager Paolo Di Canio qui estime que son club ne peut pas se permettre de prendre un joueur qui aura besoin de temps pour retrouver sa forme. Les deux semaines qui suivent, Knight ne se présente pas aux entrainements et au matchs de Coleraine, ce qui pousse le club à le suspendre et à le placer sur la liste des transferts alors que son contrat se termine en Août 2012. Les choses s’arrangent au point qu’il signe une extension de contrat de 2 ans avec les Bannsiders.
Bien que jouant en Irlande du Nord, Leon Knight continue de vivre à Londres et en Janvier 2012, le club décide que le joueur doit être traité de la même manière que les autres. De fait, il doit venir vivre en Irlande et le club ne lui paiera plus ses billets d’avion (pour environ £1500 par mois). Aucun arrangement entre les deux parties n’ayant été trouvé, Knight se retrouve à Glentoran en Janvier 2012. L’aventure est de nouveau courte. Alors qu’il se débrouille sur le terrain (4 buts en 7 matchs), Knight met de nouveau sa carrière en danger à cause de son attitude en dehors des terrains.
(Des)Aventures virtuelles
En Mai dernier, il est renvoyé de Glentoran suite à des propos homophobes sur Twitter. Ce n’est pas la première fois que Leon Knight se fait remarquer sur ce réseau. Alors qu’il y raconte souvent ses aventures footballistiques (comme en témoigne l’épisode Rishden & Diamonds cité plus haut) ou qu’il aime y partager ses photos de voitures, vêtements et bijoux. Mais il s’est surtout montré insultant et misogyne avec pour point médiatique ses propos envers Danielle Lloyd (Glamour Model -hmmm- et ex, entre autres, de Teddy Sheringham, Marcus Bent ou Jermain Defoe), femme de Jamie O’Hara (joueur des Wolverhampton Wanderers, passé par Portsmouth et Tottenham). Une affaire qui amena le couple O’Hara à déposer plainte auprès de la police (sans que cela donne suite).
L’intégralité de l’échange de propos entre Leon Knight, Danielle Lloyd et Jamie O’Hara est disponible en cliquant ici.
Un mois après cette affaire, Leon Knight récidive en lançant le Slag Alert Pictures avec le hashtag #SAP. Le principe ? Diffuser sur Twitter les filles qui ont envoyé des photos coquines à leurs petit-amis. Pour cela, il donne une adresse email pour qu’on lui envoie les photos avant de le mettre sur son compte. Tout un programme… Et si cela a eu un certain succès (le compte Twitter de L.Knight est de 70 000 à plus de 100 000 followers en un peu plus de 3 jours), les réactions néfastes n’ont pas tardé à se faire savoir avec pour conséquences la suspension de son compte Twitter.
Mais Leon Knight s’est également distingués sur deux autres plate-formes Internet. La plus récente des deux fut sur Youtube. Poussé par on-ne-sait-quelle-raison, il a décidé de filmer un écran de télévision qui diffuse certains de… ses propres buts. Et pour encore plus flatter son égo, il se met à gesticuler pendant qu’il s’occupe des commentaires. Même si cela est un brin prétentieux, il faut malgré tout avouer que ses expressions sont assez marrantes (ou pathétique si l’on ne prend pas de recul), principalement les suivants : « I’m only 5ft6 but I can leap like a fish !« , « That keeper looked like he had nails in his feet !, « They’ve got no fans ! » ou « I touched that one like I touch my girl. »
Sa seconde sortie est plus ancienne. En Juillet 2010, sur un forum de supporters de Brighton & Hove FC, un curieux message est apparu :
leon knight here im talked about too much on this site time to defend myself. u can ask me anything u want or just hammer me or thank me or whatever u want and ill get back to you as i think some of you have got the wrong end of the stick with my relationship with brighton football club ive been reading this site for years.
Sans ponctuation et autre majuscules, les forumeurs n’arrivent pas à croire qu’il s’agit réellement du joueur qui, lorsque Brighton est descendu en League One, avait déclaré « It was terrific to see Brighton go down. I was absolutely delighted they got relegated. You cannot understand how happy I was« . Pour convaincre les personnes de sa véritable identité, il n’hésite pas à poster publiquement un numéro de téléphone pour le joindre. Intrigués, certaines personnes ont essayé de l’appeler et ont confirmé qu’il s’agissait bien de Leon Knight. Pendant plus de 75 pages, il a répondu à des questions diverses, aussi bien sur le foot que d’autres sans aucun rapport. Le rapport entre des participants du forum et Knight s’est bien passés qu’il en a découlé un podcast pour le site de fans We Are Brighton
Toujours sans club depuis sa fin d’aventure avec Glentoran, Leon Knight est toujours à la recherche d’un nouveau club puisqu’il n’a toujours décidé de mettre fin à sa carrière. Car malgré tout ce qui lui est arrivé, il déclare toujours son amour au football… du moins à sa manière.